Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Après avoir interrogé Frédéric Degives, attaché au cabinet du secrétaire d’Etat bruxellois au logement, et José Garcia, président duSyndicat des locataires, Alter Echos a demandé cette fois à Yves Lemmens, directeur général adjoint faisant fonction de la SLRB1 (Société du logement de laRégion bruxelloise) de s’exprimer à propos de la problématique des cinq tours de logements sociaux du Rempart des moines. Pour rappel, le débat porte sur le thèmesuivant : « Faut-il démolir puis reconstruire ou réaliser une rénovation lourde ? »
Yves Lemmens : Les cinq tours du Rempart des moines sont un sujet qui anime depuis longtemps beaucoup de gens, tant au point de vue du Foyer bruxellois que des investisseurs privés. Pour nous,à la SLRB, le projet de rasage des tours ne peut pas marcher sans beaucoup d’argent. Actuellement, il n’y a pas de crédits, que ce soit pour démolir les tours ou reloger lesgens. De plus, les finances du Foyer bruxellois se portent mal. Et même s’il y avait de l’argent, comment s’y prendrait-on pour organiser le déménagement massif des locataires ?Sur quels sites les relogerait-on ? Il y a d’autres priorités pour le Foyer.
Alter Echos : Lesquelles ?
YL : Il y a encore beaucoup d’autres logements qui appartiennent au Foyer bruxellois et qu’il faut rénover. Ce n’est pas le moment d’investir dans un projet dedémolition-reconstruction. À la SLRB, la priorité doit aller à la rénovation des logements afin qu’ils soient conformes aux règles de sécuritéet dignes. Quand toutes les personnes logées auront le confort minimum, alors on pourra accélérer la construction de nouveaux logements.
AE : Comment en est-on arrivé à une telle situation ?
YL : On a laissé pourrir trop longtemps les logements sociaux. Le bâti a vieilli et la population s’est de plus en plus paupérisée. Cela oblige à faire des choiximpérieux et douloureux. Il faut d’abord résoudre cet ‘arriéré’.
AE : Ce n’est donc pas un problème spécifique au Rempart des moines…
YL : En effet, on rencontre aussi ce type de problèmes dans d’autres SISP (sociétés immobilières de service public). C’est parfois le béton qui pourrit. Mais, danstous les cas, même si cela coûte cher de faire de grosses infrastructures, cela revient néanmoins moins cher qu’une reconstruction. Il faut surtout éviter de lancer unprojet sur la table, puis de voir ce que cela donne. Il faut savoir ce que l’on a, ce qu’on en fait et comment on le finance. Le tout doit également se faire avec un minimum de concertationavec les habitants.
AE : On parle en effet de plus en plus de la participation des habitants dans le cadre des projets de revitalisation de quartier, des comités consultatifs…
YL : C’est important. Pour les tours du Rempart des moines, certaines personnes qui y résident veulent y rester. Il y a des gens qui sont demandeurs de tours. Il est donc important d’accrocheraux besoins des gens par le biais des comités consultatifs entre autres. Si on veut que Bruxelles retrouve une dimension de ville, il faut tenir compte de l’avis des habitants, pas de celuides entrepreneurs. Bien sûr, il faut des « grands phares » pour donner des repères dans la ville, mais il faut éviter qu’il s’agisse de points imposés. Concrètement,il est nécessaire de renforcer la participation des habitants, mais avec un encadrement, car il ne faut pas tomber non plus dans l’anarchie. Il est bon de rappeler qu’au Moyen-Age, la ville aété créée avec des gens qui avaient un projet commun. S’il n’y a pas de projet commun, alors pourquoi rester en ville ? »
1 Rue Jourdan 45-55 à 1060 Bruxelles, tél. : 02 533 19 11, fax : 02 533 19 00, e-mail : slrb@slrb.irisnet.be, Internet : http://www.slrb.irisnet.be

Baudouin Massart

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