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Regard critique · Justice sociale

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"Le Foya d'Anderlues : une main-d'oeuvre convoitée sur le marché du travail adapté"

29-01-2001 Alter Échos n° 90

De septembre à décembre 2001, cinq étudiants du Foya, École d’enseignement spécial secondaire de la communauté française (EESSCF) ontbénéficié du projet européen « Horizon ». Ce programme s’adresse à des jeunes de 18 à 20 ans issus de l’enseignement spécial de type 2 et de forme 21.Horizon a permis à ces cinq jeunes d’obtenir une formation préparatoire supplémentaire et adaptée au travail au sein d’une entreprise de travail adapté (ETA).Certains ont prolongé leur scolarité pour profiter du projet.
L’Entente wallonne des ETA (EWETA)2 a coordonné le projet à l’échelle régionale. C’est d’ailleurs un chef d’entreprise de travail adapté qui a informé ladirectrice, madame Heuchamps, de la possibilité de participer à Horizon. Celui-ci souhaitait avoir une main-d’œuvre mieux formée. En effet, les ETA sont de plus en plusconfrontées à des exigences de rentabilité. Elles doivent répondre aux demandes du marché et deviennent des entreprises « normales ». Pour les ETA, la formationdonnée au sein des écoles de type 2 et de forme 2 est de moins en moins en adéquation avec les exigences du monde économique auxquelles elles sont confrontées. LesETA demandent aux écoles des jeunes qui soient mieux préparés aux exigences du travail en atelier protégé. Ces exigences ne sont plus fonction des capacitésde chacun mais plutôt des exigences du marché. Les entreprises veulent que les jeunes soient prêts en arrivant dans l’entreprise, qu’ils soient tout de suite rentables etproductifs.
Horizon a permis au Foya (qui signifie feuillu, chêne en wallon) d’engager une assistante sociale à mi-temps pour coordonner le projet. Au sein de l’école, les projets ont pourambition de favoriser le passage des étudiants vers les ETA par une préparation au travail en situation réelle à l’intérieur de l’école. Concrètement,dans un premier temps, on immerge les étudiants dans une tâche réelle, similaire à celle que l’on retrouve en ETA. Pour ce faire, des aménagements d’horaire ontété apportés pour simuler des périodes longues (2 heures) de travail. Par exemple, ils doivent plier des pansements et les aseptiser, coller des autocollants sur desproduits, couper des pochettes et les trier, etc. Lors de ces séances, deux enseignants sont présents. L’un pour aider les étudiants et l’autre pour observer et évaluerleurs comportements et leur rendement à l’aide d’une grille d’observation. À cela s’ajoutent les stages dans une ETA.
Dans un deuxième temps, il faut rendre les jeunes autonomes. Ils doivent apprendre à se lever seuls et se rendre sur le milieu de travail par leurs propres moyens, ce qui signifie lestransports en commun dans la plupart des cas. C’est à ce niveau qu’intervient l’assistante sociale. Elle doit s’assurer que le jeune a développé une autonomie suffisante pour serendre à son travail. Quatre services d’accompagnement ont également participé au projet. Les centres PMS apportant quant à eux un avis et un suivi psychologique desjeunes.
Les ETA se disent « enchantées » des premiers résultats. Ces entreprises sont demandeuses de ce type de jeunes, bien formés et autonomes. Un travail d’accompagnement est pris encharge par l’entreprise : visite organisée pour les parents et le jeune, journées d’acclimatation, etc. Ils peuvent effectuer leur stage ou être directement engagés parl’entreprise. « Les jeunes ont plus de dix-huit ans, ils peuvent partir et travailler avec rémunération dans une ETA ». Pour notre interlocutrice, « c’est plus valorisant de travailler »vraiment, avec une rémunération ». Ceux-ci ne terminent donc pas le cycle de formation, mais ayant pu bénéficier de l’apport du projet Horizon, ils deviennent une maind’œuvre convoitée sur le marché du travail adapté.
Selon la directrice, madame Heuchamps, les blocages sont venus surtout de la part des parents. Ceux-ci trouvent trop dur le travail qui est demandé. Leur enfant doit se lever tôt etrentrer tard. Vu les moyens de transport utilisés, les trajets peuvent être en effet très longs. « Certains parents protègent, couvent un peu trop leur enfant » ajoute ladirectrice du Foya. Les entreprises de travail adapté deviennent également plus exigeantes. « Il y a des entreprises plus exigeantes et des postes plus exigeants, il faut choisir letravail où il peut être performant ».
Le projet s’est arrêté en décembre. L’EWETA annonce un autre projet pour l’an prochain dont les modalités restent encore à définir.
1 L’enseignement spécial de type 2 correspond à l’enseignement pour enfants ayant une débilité modérée. La forme 2 correspond à unepréparation, à l’école, aux ateliers protégés. C’est une adaptation sociale et professionnelle.
2 EWETA, route de Philippeville 421 à 6010 Couillet, tél. : 071 36 77 85, fax : 071 47 40 87, e-mail : secretariat@eweta.be, coordinatrice : Mlle Angelozi.

Agence Alter

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