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Regard critique · Justice sociale

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"Le festival du rire social de Passerelle : garder sa faculté d'indignation"

02-07-2001 Alter Échos n° 101

Le dispositif de la Funoc, Passerelle1, a présenté au public son festival du rire social. Au programme : une interprétation des stagiaires avec un esprit critique,moralisateur et mobilisateur, acide, réaliste, amer, appelant à la réflexion… sur les minimexés, le surendettement, les sans-papiers, l’agriculture bio, leschômeurs…. Le spectacle a été conçu et interprété par les stagiaires eux-mêmes. Il comporte une part du vécu de chacun, les rôles ontété changés par rapport à la situation réelle individuelle. Il ne constitue pas une thérapie mais bien une création théâtrale. Lesstagiaires avaient l’intention de faire participer le public sous forme de forum mais l’idée a été rapidement abandonnée, car la situation aurait pu ne pasêtre « rattrapée ». En fin de spectacle, le public a toutefois pu poser quelques questions aux artistes d’un soir.
Q : Pourquoi ce spectacle?
R : Il faut faire un stop car on en a marre; nous n’avons pas voulu proposer une interprétation choquante en donnant une leçon mais poser des questions sur les différentsthèmes abordés. Chacun doit garder sa faculté d’indignation surtout quand on est jeune mais aussi la garder tout le temps.
Q : Peut-on rire de tout?
R : Le sujet du coussin (Semira et les sans-papiers) peut être mal compris. Mais chacun s’est prononcé sur le sujet sans vouloir blesser quiconque.
Q : Pourquoi ne pas aller plus loin dans l’interprétation?
R : On aurait bien voulu mais la version forum aurait dû amener la prise en compte d’un « joker » pour stopper toute dérive.
Q : Combien de temps avez-vous passé pour la mise sur pied du spectacle?
R : On travaille depuis le mois de septembre 2000, mais le festival a été préparé en un mois avec une semaine de répétition.
Q : Qu’est ce que cela vous apporte?
R : Cela permet d’externaliser nos situations, de se soulager de l’oppression, de donner un cri du cœur ou de révolte, surtout sentir que l’on existe avec une reprise deconfiance en soi. Une stagiaire a pris une année sabbatique afin de se former aux techniques du spectacle. La plupart des stagiaires sont soit demandeurs d’emploi indemnisés ouminimexés.
Q : Quels sont vos espoirs?
R : Interpeller le public pour qu’il se pose des questions, car les choses quotidiennes ne sont pas toujours perçues correctement, c’est un amusement et un constat desociété.
Q : Quelle est votre vue à moyen terme?
R : La réponse est difficile, on doit chercher sa voie mais je ne sais pas comment à ce jour. On va réaliser des petits boulots, l’un voudrait être psychologue, uneautre ne trouve pas de but actuellement. On voudrait continuer le théâtre, une autre veut trouver un petit boulot car comme chef de famille le travail présenté est presqueau même revenu que le chômage actuel, c’est le piège à l’emploi. On voudrait que le gouvernement augmente les indemnités.
Q : Qu’est-ce que cela vous a apporté personnellement?
R : La confiance en soi retrouvée, la rupture de la solitude et de l’exclusion, l’espoir, le travail, la vie en groupe et la solidarité, car on avait perdu ces notions.
Q : Quelle est votre vision de l’avenir?
R : Nous sommes pessimistes et optimistes à la fois. Nous sommes devenus plus combatifs, beaucoup ont envie de poursuivre le théâtre ou l’écriture (un stagiaire areçu un prix de la Région wallonne), d’autres se cherchent encore.
Q : Si l’on pouvait changer le monde, que feriez-vous?
R : Plus d’humanisme dans le monde et l’augmentation des revenus du travail et des allocataires sociaux.
1 Passerelle Funoc, bd Mayence 25 à 6000 Charleroi, tél. : 071 30 28 42, e-mail : funocpasserelle@hotmail.com

Agence Alter

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