Projet lancé par la mission locale d’Ixelles1, Artisans du Logis a été fondée fin 1998 et son activité commerciale a débuté fin mai 99. Cetteentreprise d’insertion a déposé son bilan dans le courant du mois de septembre 2001 après un parcours tumultueux et une succession de réorientations pour tenter deprendre ses marques et un réel envol. Analyse d’un naufrage avec Pascal Delaunois, directeur de la mission locale d’Ixelles.
Manager social : un profil particulier
Pour Pascal Delaunois, un des personnages-clefs est le coordinateur du projet (ou manager) qui devrait être le porteur du projet, une personne qui s’approprierait réellementl’entreprise et prendrait le projet à bras-le-corps. Sur la durée du projet, quatre personnes se sont succédé à ce poste, sans mener à une coordinationstable du projet. L’un est parti parce qu’il était las de rechercher des subsides qui n’arrivaient pas et a trouvé un travail au moment même où dessubsides étaient enfin obtenus, après près de deux ans. Un autre menuisier était plus attiré par un projet de type “Compagnonnage” alors que les travauxexécutés par l’entreprise s’apparentaient davantage à de “petits travaux d’entretien”. Il y aussi eu des problèmes de santé d’uncoordinateur ainsi que des difficultés de collaboration de la coordination avec la mission locale.
Une des difficultés est que le manager doit par ailleurs avoir un profil particulier qui lui permette non seulement d’assurer une bonne gestion financière mais aussi une bonnegestion des ressources humaines. Or, le projet émanant d’un service à caractère social et visant l’insertion socioprofessionnelle, il y a eu une plus grandetolérance par rapport au manque de productivité et donc à la rentabilité des personnes sans mettre des limites suffisamment claires. Rejoignant l’administratrice duFIJ, Pascal Delaunois suggère lui aussi la mise en place d’une formation spécifique pour ce rôle clef de coordinateur ou manager.
Un autre élément essentiel dans la réussite d’un tel projet d’entreprise d’insertion est la mise en place d’un partenariat fort et solide. Artisans duLogis avait établi un partenariat avec le Foyer ixellois, partenariat important puisqu’il couvrait plus de 50% du chiffre d’affaires de l’entreprise d’insertion.Toutefois, pour différentes raisons, et sans convention écrite qui aurait pu offrir certaines garanties, ce partenariat a été interrompu en mai 2000 par le Foyer.
Repositionnant le projet, Artisans du Logis obtient deux gros chantiers qui auraient dû permettre de sortir l’entreprise du rouge. Mais, le coordinateur tombé malade faisantdéfaut, des erreurs se glissent dans les réalisations et l’entreprise perd de l’argent, malgré diverses tentatives de faire face au problème. Si, fin 2000,l’entreprise d’insertion clôturait sans perte, notamment grâce aux subsides, en 2001, après neuf mois d’activités, Artisans du Logis accumule une perte de2 millions. Et en septembre, ce fut le dépôt de bilan.
Pour Pascal Delaunois, rejoint dans sa lecture des choses par Suzanne Beer, le contexte législatif et de subvention bruxellois y est aussi pour quelque chose. Pour lui, viser l’autonomieet la rentabilité avec des subsides dégressifs et l’augmentation en parallèle de l’emploi de personnes en difficultés implique un alourdissement rapide descharges là où une rentabilité n’est que très difficilement atteinte.
Le directeur de la mission locale suggère que l’on développe une sorte de consortium d’économie sociale dans le secteur de la construction. L’entrepreneurgénéral ainsi créé proposerait toute la panoplie des corps de métier et pourrait développer aussi des synergies en termes de comptabilité,secrétariat, promotion, etc. Par ailleurs, au niveau des clauses sociales dans les marchés publics, il plaide pour que les entreprises soient obligées de sous-traiter un certainpourcentage du marché à l’économie sociale.
1 Mission locale d’Ixelles, tél. : 02 502 31 05 – Contact : Pascal Delaunois (Artisans du Logis).
Archives
"De la naissance d'un projet d'EI à sa faillite : leçons et espoirs des artisans du logis"
eric
05-11-2001
Alter Échos n° 108
eric
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