Chez Bibi, chez Colienne

Le long terme, pour Colienne Lemaître, c’est encore un peu flou. Changement de décor. Nous sommes dans un petit village du Namurois, à Gesves. On passe devant les tours du château de Faulx-les-Tombes avant de débarquer «Chez Bibi», autre tiers-lieu nouvellement reconnu par la Wallonie. «Chez Bibi», c’est le pari un peu fou de Colienne, qui a décidé de racheter le tout dernier café de la vallée du Samson pour en faire un «resto-bistrot-lieu de rencontre-atelier-espace culturel», un tiers-lieu quoi! La région, superbe, est très fréquentée par les randonneurs, les cyclistes, les motards. «Chez Bibi» est redevenu l’endroit où l’on s’arrête pour prendre un café, manger un bout, déguster une glace dans le jardin quand il fait beau.

Lorsque nous arrivons, il n’y a encore personne. Géraldine nous tend la carte où tous les plats, toutes les boissons sont bio et fournis par des producteurs locaux. De la bière au fromage en passant par les épices. Même le mojito est composé d’un rhum «arrangé en Belgique». Colienne s’assied à notre table et raconte son histoire, l’histoire de cet ancien café tenu par trois générations de Gesvois. «Avant, c’était déjà une sorte de tiers-lieu puisque le propriétaire faisait aussi bureau de poste et réparation de vélo», explique la jeune femme. Colienne a réorienté sa vie lorsqu’elle est devenue maman. Moment de remise en question de sa vie professionnelle, entre autres. «Je me suis beaucoup questionnée sur la consommation, l’environnement. J’étais aussi nouvelle habitante de ce village. Je cherchais un endroit où l’on pouvait sortir avec les enfants, manger de bons produits.»

Colienne a réorienté sa vie lorsqu’elle est devenue maman. Moment de remise en question de sa vie professionnelle, entre autres.

Colienne et son compagnon ont appris que le café du village était à remettre, le dernier alors que, dans les années 50, il y en avait encore huit dans la vallée. Le couple a signé le compromis de vente le 17 mars 2020 qui était aussi le premier jour du confinement. On s’en doute: les débuts de «Chez Bibi» ont été durs. «On s’est accroché. On a enfin pu ouvrir en mai 2021.»

À côté de notre table, il y a un petit espace que l’on devine dédié à des spectacles. «Pour le moment, nous avons deux pôles d’activités: bistrot-resto et des événements comme des petits spectacles. On a voulu assurer la continuité avec les anciens et donc on a gardé le nom du café ‘Chez Bibi’. Je voulais que les gens sachent que c’est toujours un café de village. C’est toujours ‘Chez Bibi’, mais c’est aussi tout à fait différent. On s’est beaucoup fait connaître par les réseaux sociaux et par le bouche-à-oreille. Maintenant, on va investir dans la communication ‘papier’ avec des affiches. J’ai vraiment envie que les gens du village, qui déplorent qu’il n’y ait plus assez d’espaces pour se rencontrer, investissent le lieu, mais ça prend du temps. Nous n’avons pas beaucoup de personnes âgées qui viennent, mais celles qui le font nous expriment leurs difficultés d’être isolées. On a évoqué avec elles le projet d’avoir des moments ‘tricot’ ou ‘bridge’. Les idées, il y en a plein et nous disons aux gens ‘Venez les concrétiser’.»