«Ce job, c’était mon rêve!»

Par Sang-Sang Wu – Photographies de Pierre Vanneste 

Gwendoline est une toute jeune éducatrice. Le SLS d’Horizons neufs, c’est son premier employeur. Elle a trouvé ce poste tout de suite après ses études d’éducatrice spécialisée. «Ce job, c’était mon rêve! J’adore le contact avec les habitants de toutes les maisons, les échanges, les relations interpersonnelles qu’on peut nouer avec chacun d’eux, les moments de rigolade, l’accompagnement dans leurs projets individuels. C’est simple: j’aime tout dans ce travail», lance-t-elle, dans un élan de joyeuse sincérité.

L’éducatrice note une différence significative entre ceux qui sont passés par des logements passerelles et ceux qui viennent directement de chez leurs parents. «Les premiers sont plus indépendants, il y a déjà une certaine distance avec la famille. On sent qu’ils ont coupé le cordon. Mais, dans l’ensemble, ils se débrouillent super bien: ils se lèvent le matin, sont à l’heure à leurs rendez-vous et à leurs activités, se rendent seuls à la gare et ne ratent jamais leur bus et leur train. Nicolas, par exemple, travaille entre autres dans une boulangerie à Waterloo. Pour ça, il doit se lever tôt et prendre deux bus, il met une heure trente pour y arriver. Et pourtant, tout se passe très bien.»

Un SLS, c’est donc une coloc quasiment comme les autres, avec une dimension militante assumée. L’un des objectifs est de sensibiliser la société à l’altérité et à l’importance de rendre le monde plus inclusif. Les personnes handicapées ont des droits et on tente ici de les faire valoir. «Ces projets les stimulent différemment et leur donnent accès à la normalité, poursuit Gwendoline. Beaucoup plus que s’ils étaient en SRA ou chez leurs parents. Ça les rend aussi plus accessibles au reste de la société. Certaines personnes ont encore beaucoup d’a priori sur les personnes handicapées. Là, c’est l’occasion de montrer que les résidents sont capables de tas de choses. C’est juste que la société ne leur donne pas la chance de le prouver. C’est à nous de bousculer les mentalités. Comment? En les challengeant, en leur donnant des responsabilités et en les valorisant. Quand ils arrivent au bout d’un projet, c’est un vrai bonheur parce qu’être tout le temps perçu et présenté comme incapable, c’est lourd à porter.»

L’éducatrice en chef Aurore Bemelmans, elle, aspire à leur donner encore plus de liberté: «Il faut qu’on apprenne à plus les laisser vivre. Parfois, ils nous disent ‘Pas besoin de passer ce soir’. Je trouve ça bien, car c’est le but, en fin de compte. Moins ils ont besoin de nous, mieux c’est. C’est leur vie à eux.»