Laboratoire reproductible

Par Céline Teret – Photographies : Médecins du monde/Céline Teret 

Peu de doutes là-dessus : l’Adobus est un modèle qui roule. Il y a ce que disent les chiffres, collectés lors des permanences : plus d’un millier de jeunes touchés sur Colfontaine, la trentaine de permanences annuelles, la centaine d’entretiens individuels, la dizaine de tests de grossesses fournis chaque année. Etc, etc. Mais au-delà des chiffres et des rapports, il y a aussi le qualitatif. Les retours emballés des ados. L’enthousiasme des partenaires qui croient au projet parce qu’ils vivent, voient, ressentent les retombées positives sur le terrain, sur les jeunes.

Et parce que la formule marche, le projet a été étendu en avril 2022 au Centre Scolaire Don Bosco de Quiévrain, une commune au profil socio-économique proche de celui de Colfontaine. Une école qui, tout comme le Lycée provincial Hornu-Colfontaine, propose un deuxième et troisième degré technique et professionnel. Si les contextes sont similaires, il a cependant fallu monter une nouvelle équipe pour cette seconde école située à 15 kilomètres, sur une autre commune. « Dupliquer le projet, ça a demandé d’impliquer de nouveaux partenaires et une nouvelle coordination de projet, souligne Guillaume Pique, du Service Santé de Colfontaine. Aujourd’hui, deux écoles bénéficient donc de l’Adobus, mais avec deux équipes différentes. C’est un investissement pour ces deux équipes et elles ne pourraient pas s’impliquer davantage que ce qu’elles ne le font déjà. »

Pourtant, le projet séduit, les demandes affluent, de toute la Fédération Wallonie Bruxelles. « Très rapidement, dès que le projet a été mis en place, on a reçu et on reçoit encore des sollicitations d’autres écoles souhaitant recevoir l’Adobus chez elles, poursuit Guillaume Pique. Nous, dès le départ, on avait le souhait que ce projet soit un laboratoire reproductible. C’est donc faisable. Mais ça nécessite des moyens logistiques et des ressources en personnel qualifié. Ça demande l’implication d’autres structures locales, des centres de planning familial, des écoles, des associations, des partenaires partants pour être actifs sur ce type de projet. Ça demande aussi un effort et de l’adaptation de la part des partenaires du projet, de quitter le confort de leur bureau et d’aller au contact des jeunes. »

Julie Fontaine de Médecins du Monde ajoute : « Nous aimerions pouvoir développer l’approche dans d’autres communes concernées par les mêmes problématiques. Pour y arriver, l’idéal serait qu’on obtienne davantage de moyens, nous permettant d’étendre la portée de l’Adobus à d’autres écoles. »

Pour l’heure, l’Adobus reste un projet pilote. Il repose sur la bonne volonté et l’investissement, humain, logistique, des différentes structures partenaires. Il est financé grâce aux apports dénichés et mis à disposition par les partenaires. Des demandes de subsides à réitérer d’année en année, bien souvent. Rien de vraiment pérenne, donc. Pour un projet qui fait ses preuves, pourtant. Et qui pourrait essaimer ailleurs, comme le suggère Guillaume Pique : « Ça serait intéressant que la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Ministère de la Santé ou celui de l’Education, décident d’utiliser ce modèle qu’on est en train d’écrire pour le reproduire afin d’en faire bénéficier d’autres écoles. » L’appel est lancé.