Un peu de médical tout de même

Si Le Nid reçoit des couples ayant comme projet une naissance naturelle non médicalisée, cela ne veut tout de même pas dire que la médecine n’a rien à y faire. Car si tout l’accompagnement et la préparation à la naissance se font dans la petite maison de pierres, on n’y naît pas: les arrivées des enfants dans ce bas monde ont lieu au sein de certaines des salles d’accouchement du CHU, aménagées pour l’occasion dans un esprit chaleureux. Une décision prise en concertation avec les gynécologues du CHU, qui assurent également les trois contrôles réglementaires en cours de grossesse, et qui semble arranger tout le monde. «On reçoit des couples avec un projet de naissance naturelle non médicalisée, mais le fait que la naissance même ait lieu au sein du CHU a un côté rassurant pour beaucoup de monde», constate Céline Steinier.

Car malgré tout, la naissance reste un événement à risque, Manon en sait quelque chose. Mère de trois enfants, elle a d’abord tenté une première naissance physiologique au Nid; naissance qui aurait pu tourner au drame si le CHU n’avait pas été à proximité et que Mathilde Chavet n’avait pas fait son travail. «Quand elle a vu que quelque chose clochait, elle a tout de suite appelé les sages-femmes hospitalières. Il n’y a pas mieux. Si j’avais accouché à la maison, c’était fini», témoigne-t-elle pour illustrer la complémentarité entre Le Nid et les services médicaux du CHU ainsi que la sécurité que celle-ci garantit. Après une deuxième naissance sous césarienne, c’est finalement au troisième enfant que Manon a pu toucher le Graal et accoucher naturellement au Nid.

Deux chiffres, plus que tous les autres, illustrent d’ailleurs cette synergie. Si Le Nid a effectué 99 naissances physiologiques en 2024 (sur 1.600 naissances au total au CHU), il a par ailleurs mené 168 accompagnements, le différentiel entre les deux chiffres s’expliquant par le fait qu’un nombre important de grossesses finissent par présenter certaines complications ne permettant pas un accouchement non médicalisé. «Si on va vers un accouchement médicalisé, c’est le ou la gynécologue qui prend alors le relais», explique Céline Steinier.

Deux chiffres, plus que tous les autres, illustrent d’ailleurs cette synergie. Si Le Nid a effectué 99 naissances physiologiques en 2024 (sur 1.600 naissances au total au CHU), il a par ailleurs mené 168 accompagnements, le différentiel entre les deux chiffres s’expliquant par le fait qu’un nombre important de grossesses finissent par présenter certaines complications ne permettant pas un accouchement non médicalisé.

Car quand tout va bien, ce sont donc les sages-femmes du Nid qui accueillent les enfants au monde, une sacrée révolution pour les hôpitaux, où ce sont en général les gynécologues qui ont la main. Ici, ils sont également bien présents, mais en «back-up», au cas où quelque chose clocherait. «Durant les accouchements, on est complètement shootées, on profite de l’ocytocine [hormone de l’amour, de l’attachement, NDLR] de la femme et on en a besoin, témoigne Mathilde Chavet. Les femmes accouchent dans toutes les positions, il faut les masser, les tirer dans leur projet de naissance. C’est quelque chose de fatigant et il faut pouvoir l’encaisser.»

Il n’y a d’ailleurs pas que lors de l’accouchement que les sages-femmes donnent de leur personne. Lors de la préparation à la naissance aussi cela peut aller très loin. Sourire en coin, Mathilde Chavet explique comment, lors des préparations à la naissance, elle «se régale» à se mettre à quatre pattes et à mimer les contractions devant un parterre de femmes et de leurs hommes, dont certains semblent assez impressionnés. «Un père m’a dit un jour: ‘C’est hyper-immersif’», s’esclaffe Céline Steinier.

Plus largement, dans ce rapport au médical, Céline Steinier évoque, comme en une image inversée de ce qui se passe au Nid, l’«effet toboggan» auquel certaines femmes sur le point d’accoucher peuvent être soumises en milieu hospitalier, cet enchaînement d’actes médicaux en entraînant un autre qui caractérise parfois la prise en charge. «On peut imaginer une femme qui arrive au terme de sa grossesse, elle contracte. On lui injecte de l’ocytocine pour augmenter ses contractions et puis on lui perce la poche des eaux. À la suite de ça, le cardio de l’enfant décélère parce qu’il n’est pas prêt et on est finalement contraint de le sortir avec une ventouse… En fait la femme accepte un acte médical qui en entraîne un autre et puis elle finit par dire ‘Heureusement que j’étais à l’hôpital’», image-t-elle.