Et avant, il y eut «Le Cocon»

Si «Le Nid» est le premier projet du genre en Wallonie, à Bruxelles, une initiative similaire a vu le jour quelques années plus tôt, il y a dix ans plus exactement. Notion de «patient partenaire», défense de ce que l’on appelle le «One to one» (une sage-femme pour une femme), collaboration et complémentarité avec les gynécologues, accompagnement, naissance physiologique, «Le Cocon» partage de grandes similarités avec «Le Nid» en plus de leurs noms finalement pas si éloignés.

Quand on arrive dans ses locaux, situés quant à eux au sein de l’hôpital Érasme, mais dans une unité indépendante, on ressent la même volonté de créer un espace intime, fait de lumière tamisée, de sofas confortables et de sourires. Autre détail qui diffère du Nid, audible en cette matinée de mai: ici, les femmes accouchent au sein du Cocon, même si celui-ci se situe donc dans les murs de l’hôpital, on l’a dit, ce qui ne fait in fine que peu de différence entre les deux projets. Dans les couloirs retentissent les cris d’une future maman en train de mettre son enfant au monde. Pauline Eon, sage-femme-cheffe en salle d’accouchement, nous fait faire le tour du propriétaire en commençant par les portes, closes, des deux salles d’accouchement, toutes occupées en ce jour. «C’est la folie aujourd’hui, j’espère que plus personne ne se présentera pour un accouchement sinon cela risque de devenir compliqué», sourit-elle alors qu’elle nous guide vers la salle pluridisciplinaire des sages-femmes, qui sert aussi de salle d’attente pour les mamans ou les couples. «Il s’agit vraiment de créer le plus de convivialité possible, explique-t-elle en désignant le canapé rouge où ceux-ci peuvent prendre place quand ils patientent. Le fait d’être dans la même salle que les sages-femmes permet de créer des échanges informels, de la communication.»

Quand on arrive dans ses locaux, situés quant à eux au sein de l’hôpital Érasme, mais dans une unité indépendante, on ressent la même volonté de créer un espace intime, fait de lumière tamisée, de sofas confortables et de sourires. Autre détail qui diffère du Nid, audible en cette matinée de mai: ici, les femmes accouchent au sein du Cocon, même si celui-ci se situe donc dans les murs de l’hôpital, on l’a dit, ce qui ne fait in fine que peu de différence entre les deux projets.

À parler des sages-femmes, elles sont au nombre de 12 (en plus de Pauline Eon et Laure Depuydt, sage-femme-cheffe adjointe) ici à avoir pratiqué 200 accouchements sur les 2.000 naissances enregistrées à Érasme l’année passée, toutes salariées, une autre différence avec Le Nid. Autre dissemblance, Le Cocon ne fait pas de suivi post-partum, mais propose par contre une préparation des couples à un éventuel transfert vers les salles d’accouchement médicalisées au cas où les choses tourneraient mal. «Les gens viennent ici parce qu’ils veulent quelque chose de démédicalisé. Si on les transfère, tout s’effondre en quelque sorte. Nous leur disons donc qu’on respectera leur projet de naissance le plus possible, en respectant la sécurité du bébé et de la maman», explique Pauline Eon, une fois installée dans son bureau.

Cette envie des parents de reprendre le pouvoir sur la naissance de leur enfant constitue une autre des caractéristiques communes entre Le Nid et Le Cocon. S’agit-il d’un public présentant des caractéristiques socioéconomiques particulières? Si au Nid, Céline Steinier avait confié que les couples se présentant dans la maison en pierre de taille émargeaient tout de même à une catégorie plutôt favorisée, au Cocon Pauline Eon fait état d’un public «diversifié» au niveau des nationalités et du statut social. Tout juste concède-t-elle qu’il s’agit de femmes «qui ont envie de comprendre et de se réapproprier ce moment».

C’est un constat effectué par tout le monde: toutes les femmes n’ont pas envie de prendre le chemin du Nid ou du Cocon, peut-être parce qu’elles ne sont pas au courant que de tels projets existent ou qu’elles se sentent plus sécurisées par un accouchement médicalisé. Pourtant, une fois encore, tout le monde semble convaincu que l’ensemble des femmes devrait pouvoir bénéficier, si elles le souhaitent, d’une offre de ce genre. Encore faudrait-il que les financements suivent, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.

C’est un constat effectué par tout le monde: toutes les femmes n’ont pas envie de prendre le chemin du Nid ou du Cocon, peut-être parce qu’elles ne sont pas au courant que de tels projets existent ou qu’elles se sentent plus sécurisées par un accouchement médicalisé.

Dans chaque discussion, au Nid comme au Cocon, se glisse alors la rumeur d’une réforme de la prise en charge des grossesses à bas risque, sur laquelle le cabinet de Frank Vandenbroucke (Vooruit), le ministre fédéral de la Santé, serait en train de travailler. Une réforme qui, chuchotent les sages-femmes, pourrait leur donner plus de place à ce niveau et favoriser l’émergence de projets similaires. Au cabinet du ministre, on confirme qu’un travail est en cours, mais on ne s’aventure pas plus loin puisque les consultations avec les secteurs sont encore en cours. En attendant, au Nid comme au Cocon, les enfants continuent à voir le jour avec le sourire d’une sage-femme.