Les publics aidés par l’équipe mobile du Solimob sont généralement isolés – ce qui va de pair avec la typologie de l’arrondissement Huy-Waremme. En zones rurales, les services sont moins facilement accessibles; la communication autour d’une nouvelle initiative est également plus complexe. Depuis mars, le Solimob s’arrête fréquemment sur les parkings de grandes surfaces commerciales, devant les pharmacies, sur les marchés.
«Bonjour! On intervient dans tous les commerces pour faire découvrir notre service. C’est gratuit, nous sommes une équipe mobile. C’est aussi pour la mendicité, explique Norine Grenier à l’une des employées d’une grande surface de Nandrin.
– Il n’y a pas de mendicité chez nous, répond cette salariée.
– Ah bah, c’est déjà une bonne nouvelle!, enchaîne l’assistante sociale, avec répartie. Peut-on coller une affiche pour faire connaître notre service à vos clients?
– Non, désolée, on ne peut pas accepter les affiches. […] Bon, pour les flyers, je veux bien faire une exception. Vous pouvez en déposer ici.»
Les publics aidés par l’équipe mobile du Solimob sont généralement isolés – ce qui va de pair avec la typologie de l’arrondissement Huy-Waremme. En zones rurales, les services sont moins facilement accessibles; la communication autour d’une nouvelle initiative est également plus complexe.
En sortant de ce supermarché, Amélie Moureau et Norine Grenier reviennent sur la difficulté d’obtenir l’aval des commerces pour afficher n’importe quel message à l’attention des clients, ce qui est d’autant plus regrettable dans leur cas qu’il s’agit d’un appel à caractère social. Depuis le départ, l’équipe du Solimob est confrontée à la crainte exprimée par les pouvoirs locaux que leur travail «fasse sortir les personnes précaires du bois». Autrement dit, le mobil-home ennuie les instances décisionnelles, spécialement lorsqu’il se gare au milieu du jeu de quilles, puisqu’il visibilise les personnes en mal d’aide sociale, que les administrations communales préfèrent s’engager à aider à l’abri des regards. «On montre que la précarité existe, alors que certains ne veulent pas la voir», résume Norine Grenier.

Sur le terrain, au fil des discussions avec les bénéficiaires, l’équipe sociale et les personnes croisées autour du mobil-home, nous entendons dire que, dans la région, certains profils seraient bienvenus tandis que d’autres, rejetés de la préoccupation politique. Les politiques sociales sont… politiques. Et les profils précaires, nous dit-on, ne sont pas considérés à la hauteur de leur vulnérabilité. La pauvreté, la santé des pauvres, le logement des pauvres… sont des questions renvoyées aux villes.
Sur le terrain, au fil des discussions avec les bénéficiaires, l’équipe sociale et les personnes croisées autour du mobil-home, nous entendons dire que, dans la région, certains profils seraient bienvenus tandis que d’autres, rejetés de la préoccupation politique. Les politiques sociales sont… politiques.
Dans ce contexte, Solimob cherche à apporter de la «reconnexion sociale» dans une zone rurale où les services semblent loin, peu accessibles, mal adaptés, complexes. «On constate aussi une multiplication des services, souligne Norine Grenier, donc on joue un vrai rôle de clarification des services disponibles dans l’arrondissement.»
Solimob risque sérieusement de perdre sa subvention. Difficile à entendre quand d’autres investissements publics existent – mais vont-ils se maintenir? – et sont affichés en public. À Nandrin, par exemple, l’administration communale est en pleine rénovation énergétique, avec le soutien financier du programme «Wallonie Relance» et du fonds «NextGenerationEU», à hauteur de 500.000 € environ, indique un panneau sur la façade. L’école communale de Saint-Séverin est également rénovée et bénéficie d’une subvention de 1,1 million de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de l’Union européenne et de la Banque européenne d’investissement. Un peu loin, sur la route qui descend vers Amay, la voirie est en travaux, financés par la Wallonie service public SPW et son plan d’investissement Mobilité active 2022-2024. La subvention se situe un peu au-dessus de 250.000 €. La société se construit par des investissements publics, c’est évident. Tous les chantiers ne bénéficient cependant pas de la même sécurité budgétaire.