Passer la porte du mobil-home «Solimob» revient à entrer dans la salle à manger d’un ami ou d’une amie et dans un espace de consultation Evras. L’ami, parce que la cuisine contient dans ses tiroirs des gaufres Suzy et une cafetière type «goutte à goutte» sur filtre en papier, la puissance du réconfort dépassant celle du café. Et la consultation Evras, car les murs intérieurs du mobil-home sont recouverts de campagnes de sensibilisation bien connues pour une sexualité consciente, deux lapins nous rappelant qu’une sucette enrobée permet un plaisir protégé. À gauche de l’entrée figure un calendrier à GRANDS CARACTÈRES utilisé pour figer clairement dans la tête des personnes la date d’un prochain rendez-vous avec l’équipe du Solimob. En théorie, des passages fixes sont prévus toutes les deux semaines à neuf adresses spécifiques de l’arrondissement de Huy-Waremme. D’autres créneaux restent disponibles pour les demandes spontanées. La majorité des sollicitations adressées à l’équipe du Solimob proviennent, à ce jour, des communes de Waremme, Hannut, Remicourt et Wanze.
Solimob est donc, très concrètement, un mobil-home aménagé où trouver de l’aide et de l’appui social. Le véhicule est garé, tant bien que mal vu son gabarit, par Norine Grenier et Amélie Moureau dans plusieurs espaces publics: parkings, espaces visibles, zones plus isolées, devant les grands commerces. Il s’agit, pour la cellule d’intervention mobile «Solimob», d’être vue tout en assurant un bon degré de discrétion aux individus qui solliciteraient l’écoute sans jugement des deux assistantes sociales. Norine Grenier et Amélie Moureau sont employées par le service prévention de la Ville de Huy et la Conférence des élus Hesbaye-Meuse-Condroz pour aider celles et ceux dans le besoin, qui vivent dans l’arrondissement de Huy-Waremme, qui leur font signe et qui rencontrent éventuellement un problème de logement. Le projet «Solimob» a vu le jour avec un package global d’initiatives visant à créer et à chercher des solutions à la problématique titanesque du mal-logement. L’ensemble, repris sous la bannière Territoire zéro sans-abrisme (T0SA), a bénéficié d’un subside de 4,5 millions d’euros, réparti entre plusieurs projets, dont Solimob. Avant ce subside et les initiatives sociales qui en ont découlé, l’arrondissement de Huy-Waremme n’avait aucun logement d’urgence et aucun abri de nuit, détaille Norine Grenier. Le subside régional a permis d’ouvrir un abri de nuit, déjà fermé depuis à la suite de difficultés entre les différents publics bénéficiaires.
En théorie, des passages fixes sont prévus toutes les deux semaines à neuf adresses spécifiques de l’arrondissement de Huy-Waremme. D’autres créneaux restent disponibles pour les demandes spontanées. La majorité des sollicitations adressées à l’équipe du Solimob proviennent, à ce jour, des communes de Waremme, Hannut, Remicourt et Wanze.
Au départ, l’équipe du Solimob, trois personnes dont deux femmes, projetait d’aménager un semi-remorque pour vadrouiller à l’aise de Huy à Waremme. Mais on s’est vite rendu compte que ce choix revenait à se mettre des bâtons dans les roues, explique Norine Grenier. Transformer complètement un semi-remorque (vide) en espace avec douche, toilettes et espace d’accueil, faire appel à un chauffeur ou passer le permis de conduire requis… Acheter un mobil-home a semblé, d’un coup, bien plus évident. Et moins cher! Gain de temps, économies sur le budget du projet, tout le monde est ravi.
Solimob a démarré en janvier 2025 en version incognito, c’est-à-dire sans le flocage jaune dont le véhicule est aujourd’hui recouvert. En mars 2025, pour le déploiement officiel de ce service mobile d’accompagnement social, les trois membres de l’équipe (puis deux, après le départ de l’infirmier), ont commencé à conduire quotidiennement le mobil-home à travers les campagnes et le long des nationales goudronnées du Condroz et de la Hesbaye pour proposer leurs permanences sociales.
Un bureau mobile permet de mettre les bénéficiaires à l’aise, soulignent Amélie Moureau et Norine Grenier. Cette dernière a étudié la question de mars à septembre 2024, en menant une cinquantaine d’entretiens avec des acteurs sociaux et psychomédicaux de la région, pour s’assurer que le service en cours de préparation réponde bien aux attentes et aux besoins du terrain. Ces entretiens, résumés dans un rapport d’activité, ont mis en lumière un besoin d’accessibilité (prévoir de l’intervention de proximité), un besoin de prévention, de soutien, de coordination. L’idée d’une «structure d’accueil informelle» avec des «permanences sociales individualisées» à destination de publics vulnérables faisait totalement sens pour l’échantillon interrogé, précise Norine Grenier. Elle a également relié, à l’équipe, les besoins exprimés par les acteurs de terrain avec le cas du Médibus à Seraing. Là aussi, une équipe mobile médicale circule en région liégeoise. Norine Grenier y avait réalisé son stage d’assistante sociale. Médecins du Monde fonctionne également avec un cabinet mobile sur ce territoire, ajoute-t-elle. Autant de sources d’inspiration pour le Solimob.
Solimob a démarré en janvier 2025 en version incognito, c’est-à-dire sans le flocage jaune dont le véhicule est aujourd’hui recouvert. En mars 2025, pour le déploiement officiel de ce service mobile d’accompagnement social, les trois membres de l’équipe (puis deux, après le départ de l’infirmier), ont commencé à conduire quotidiennement le mobil-home à travers les campagnes et le long des nationales goudronnées du Condroz et de la Hesbaye pour proposer leurs permanences sociales.
Depuis leur flocage en mars 2025, les faces extérieures du mobil-home servent de devanture au projet. Les numéros de téléphone d’urgence sont bien visibles. Les pictogrammes définissent rapidement le projet: une tasse de café, un pommeau de douche, des bulles conversationnelles, une seringue pour représenter la distribution de matériel stérile aux personnes consommant des stupéfiants. Au dos du véhicule: les soutiens financiers. «Avec le soutien de Maillages Hesbaye Meuse Condroz, la Province de Liège, Wallonie service public SPW», lit-on au-dessus de l’échelle arrière du mobil-home. Pourtant, dans les faits, dès le mois de novembre, le robinet financier sera coupé. Une demande de prolongation du projet jusqu’en juin 2026 a été introduite auprès du cabinet d’Yves Coppieters, ministre wallon de la Santé, de l’Environnement, des Solidarités, de l’Économie sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes. Pas encore de retour officiel. Une rencontre est prévue entre l’équipe Solimob et le ministre Engagés le 6 octobre 2025. «Nous espérons vivement qu’elle débouchera sur une réponse positive. À défaut, le projet devra malheureusement s’arrêter le 14 novembre…», nous expliquait encore récemment Norine Grenier.
Un bureau mobile permet de mettre les bénéficiaires à l’aise, soulignent Amélie Moureau et Norine Grenier. Cette dernière a étudié la question de mars à septembre 2024, en menant une cinquantaine d’entretiens avec des acteurs sociaux et psychomédicaux de la région, pour s’assurer que le service en cours de préparation réponde bien aux attentes et aux besoins du terrain. Ces entretiens, résumés dans un rapport d’activité, ont mis en lumière un besoin d’accessibilité (prévoir de l’intervention de proximité), un besoin de prévention, de soutien, de coordination.
Lors de son interview en août 2025, Norine Grenier disait: «Tout le monde a envie que le projet Solimob continue, mais personne ne veut nous financer. Le soutien? Oui. Les subsides? Non.» En août, elle espérait encore que les économies réalisées grâce au remplacement du semi-remorque initialement prévu par l’achat d’un mobil-home d’occasion à moindre coût permettent à l’équipe de tirer le projet Solimob jusqu’en janvier 2026.
En moins d’un an, Solimob est parvenu à «fixer» 37 personnes, c’est-à-dire à entrer en contact avec elles, organiser un suivi de leur situation à court et à moyen terme, créer une relation de confiance en vue d’une sortie de difficulté.
À ces 37 personnes s’est ajoutée au moins une dame, rencontrée par hasard, un midi du mois d’août. Comme toute rencontre «Solimob», elle ne pouvait être prévue, l’essence du projet étant de se rendre disponible à qui en a besoin, à l’instant où cela se présente. C’était un mercredi et il faisait chaud.