Chaque journée est rythmée par ces rencontres, ces histoires de refus, d’espoir ou d’épuisement. Entre fermeté et bienveillance, Chris et Pascal tissent des liens, prennent des nouvelles, vérifient l’état de santé, rappellent les règles, préviennent des opérations de nettoyage, orientent vers les repas chauds ou les services sociaux. Sur le terrain, Chris et Pascal alternent entre écoute, conseils et fermeté. C’est leur routine… «On connaît 90% des personnes vivant dans la rue, on sait où les trouver», explique Chris. Mais la rue, souvent, résiste à toute solution. «Parfois, la frustration de ne pas voir les choses avancer est grande», confie Pascal. Pourtant, chaque échange laisse une trace, une chance de renouer le fil d’une vie cabossée.
Au-delà des procédures, c’est la dimension humaine qui domine. Pascal évoque la nécessité de gérer la charge émotionnelle: «Il faut apprendre à faire la part des choses, à couper une fois la journée terminée, sinon ce n’est pas tenable.» Pour Chris, c’est la pêche qui lui permet de maintenir la tête hors de l’eau…
Au-delà des procédures, c’est la dimension humaine qui domine.
Chaque histoire, chaque visage rencontré indique qu’«il y a toujours des circonstances qui mènent à cette situation». Chris raconte le destin tragique de Michel, ancien militaire, dont la vie a basculé après la perte de sa femme et de ses deux filles dans un accident. «Il a commencé à déprimer, à boire. L’armée l’a mis en cure, mais à la fin, il a été pensionné pour raison médicale. Un jour, il s’est endormi avec une cigarette, la moitié de sa maison a brûlé. Et Michel s’est retrouvé à la rue.» Chris rappelle que personne ne rêve de finir dans la rue. «Tout le monde a des rêves, des inspirations. Mais parfois, il suffit d’un coup du sort, d’un divorce, d’une addiction, pour que tout bascule.» Il insiste sur l’importance de l’empathie et de la patience dans le travail de la Team Herscham. «Avant de juger, il faut écouter.»