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Regard critique · Justice sociale

Carte blanche

Une course contre des loyers trop chers

Marathon contre les loyers trop chers et pour le logement social

Fin mai, une vingtaine d’associations manifestaient contre la cherté des loyers à Bruxelles. Ils réclamaient un encadrement des loyers et une production massive de logements sociaux

La veille des 20 kilomètres de Bruxelles, c’est une autre course qui se jouait au centre de la capitale. Le « marathon du logement ». Une vingtaine d’associations manifestaient pour dénoncer – entre autres choses – le prix des loyers à Bruxelles.

Leur constat est accablant. Bruxelles ne compte que 39 000 logements sociaux, soit 8 % du parc immobilier. 41 000 ménages sont sur liste d’attente. Selon les organisateurs, à Bruxelles, près de 50 % des ménages « sont dans les conditions de revenu » permettant d’accéder au logement social.

Gwenaël Breës, président d’Inter-Environnement Bruxelles (IEB), propose un petit comparatif : « De 2001 à 2011, 16 000 personnes se sont ajoutées à la liste d’attente pour une place en logement social. Sur la même période, les pouvoirs publics n’ont créé que 400 places de logements sociaux. »

Le diagnostic est connu. Bruxelles compte de nombreux habitants pauvres qui ont de plus en plus de mal à trouver un logement décent pour pas trop cher. Marie-Laurence De Keersmaecker, qui a rédigé l’édition 2011 de « l’observatoire des loyers » et prépare la mouture 2012, rappelle en quelques mots les causes de ce phénomène : « La pression démographique, la concurrence entre logements et bureaux, et l’internationalisation de la ville. La revalorisation des quartiers centraux joue aussi un rôle. Le tout pour une ville encadrée par des frontières. »

Encadrement des loyers et production de logements sociaux

Que souhaitent donc les manifestants ? Un encadrement des loyers, comme annoncé dans la déclaration de politique régionale 2009–2014. Et, dans le même temps, la production « en masse » de logements sociaux. « Cela devrait être la priorité, avance Gwenaël Breës. Il y a un énorme effort à faire là-dessus. » Et de dénoncer le glissement sémantique des pouvoirs publics qui ne parlent plus que de « logements à finalité sociale ». « Les pouvoirs publics se sont tournés vers d’autres politiques que le logement social », pouvait-on lire dans une carte blanche publiée dans Le soir du 22 mai par les participants au marathon.

Le jour même de cette manifestation, le gouvernement bruxellois était en train de plancher sur ses « axes prioritaires » de travail jusqu’aux élections de 2014. Au menu des discussions, il y avait le logement.

Au cabinet de Christos Doulkéridis, on le dit clairement, l’engagement d’un encadrement des loyers ne sera pas tenu d’ici à 2014, arguant notamment du fait que « la législation sur les baux à loyer, qui doit être régionalisée, ne l’a pas encore été. » Pour le reste, Francesco Randisi, le porte-parole du secrétaire d’Etat au Logement, met en avant une série d’autres mesures, dont le dispositif-pilote d’allocation-loyer « pour les ménages en attente d’un logement social depuis des années ».

Mais la grande annonce reste celle d’un nouveau Plan logement (le précédent, annoncé en 2004 devait permettre la production de 5000 logements, dont 3500 logements sociaux. A l’heure actuelle, ce sont 1400 logements qui ont été construits dans ce cadre. 80 projets de construction sont en cours). Celui-ci devrait ressembler comme une goutte d’eau au précédent en termes d’objectifs quantitatifs (5000 logements). « Mais ses ambitions seront plus larges, avec des objectifs plus globaux, comme l’aide à l’accès à la propriété », ajoute Francesco Randisi. Ce dernier estime qu’au vu des limites de la Région bruxelloise, « il ne suffira pas de construire ». Le porte-parole a bien conscience que « ce plan logement ne suffira pas pour répondre à la demande de logements sociaux »… ce en quoi il rejoint certainement l’avis des associations.

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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