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Regard critique · Justice sociale

Citoyenneté

Un match équilibré

S’il est bien un lieu où s’alimente, presque quotidiennement, une forme de violence entre les forces de l’ordre et les citoyens, c’est bien dans la relation entre les jeunes et la police. Une confrontation entre deux camps «adverses» qui se nourrit d’appréhensions, de préjugés, de clichés. Des jeunes «fauteurs de troubles» d’un côté. Des interventions policières «autoritaires» suscitant la crispation, voire la colère de l’autre.
En organisant l’édition 2014 de BruXitizen, l’Agence Alter a choisi de ne pas noyer le poisson. Jeunes et policiers vont se retrouver face à face, sur un ring de boxe, pour une initiation dans les règles de l’art. Un projet basé sur le postulat selon lequel rien ne sert de nier cette tension, cette confrontation, à condition d’y garantir une forme d’équilibre entre les parties, à condition de canaliser par des règles codifiées cette violence parfois viscérale.

10-11-2014

Il n’y a pas de place dans notre société pour la violence à l’égard des policiers. Voici ce que nous dit, en substance, l’accord du gouvernement Michel. Cherchez la pièce manquante. Rien, dans ce texte, sur les abus des policiers. Si rien ne justifie, cela va de soi, la violence à l’égard des policiers, « l’accord du gouvernement renforce la séparation, décidément bien hermétique, entre les violences faites aux policiers et les violences policières », a réagi la Ligue des droits de l’homme. Un premier bilan de l’Observatoire des violences policières en Belgique, une initiative de la LDH, témoigne pourtant de la réalité de ces violences et la nécessité, urgente, des pouvoirs publics, de lutter contre ces dérapages.

Mais l’accord de la suédoise va plus loin dans le déséquilibre qu’il introduit dans ce rapport de force entre policiers et citoyens. Quelques lignes plus loin, il mentionne en effet que le gouvernement s’attachera à trouver des solutions concernant les plaintes «manifestement injustifiées» contre le personnel policier et de sécurité. Sans présumer de la mauvaise volonté du gouvernement à traiter les plaintes des citoyens relatives aux violences policières, serait-ce hasardeux d’y lire une forme d’intimidation à l’égard des victimes d’abus policiers, ou un signal présageant une certaine impunité en la matière ? S’il est bien un lieu où s’alimente, presque quotidiennement, une forme de violence entre les forces de l’ordre et les citoyens, c’est bien dans la relation entre les jeunes et la police. Une confrontation entre deux camps «adverses» qui se nourrit d’appréhensions, de préjugés, de clichés. Des jeunes «fauteurs de troubles» d’un côté. Des interventions policières «autoritaires» suscitant la crispation, voire la colère de l’autre.

En organisant l’édition 2014 de BruXitizen, l’Agence Alter a choisi de ne pas noyer le poisson. Jeunes et policiers vont se retrouver face à face, sur un ring de boxe, pour une initiation dans les règles de l’art. Un projet basé sur le postulat selon lequel rien ne sert de nier cette tension, cette confrontation, à condition d’y garantir une forme d’équilibre entre les parties, à condition de canaliser par des règles codifiées cette violence parfois viscérale. Bref interlude dans un conflit sans fin ou prélude à la discussion ? Chacun jugera. À la descente de ring, un débat sera en tout cas proposé, mettant autour de la table policiers, travailleurs sociaux et jeunes autour des questions des droits et des devoirs de chacun dans cette relation en tension.

«Jeunes entre contrainte et autonomie» dans l’emploi, l’espace public et les relations avec la police. Ce sera le thème de BruXitizen 2014, un lieu d’échanges destiné aux jeunes de tous horizons. Ça se passe les 19 et 20 novembre au centre communautaire maritime de Molenbeek. Plus d’infos sur www.bruxitizen.be et sur Facebook

Marinette Mormont

Marinette Mormont

Journaliste (social, santé, logement)

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