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Regard critique · Justice sociale

Economie

Premiers pas dans le micro-entrepreneuriat

Une idée d’affaires, mais par où commencer? Vaut-il mieux se diriger vers un microprêteur ou un guichet d’économie locale (GEL)? Comment se passent les premiers contacts? Quelles informations sont-elles données? Les candidats sont-ils invités à rapidement passer à l’acte? Premiers pas dans le monde de l’entrepreneuriat avec une visite chez microStart et Village Partenaire.

Pour agir à contre-courant des clichés et des discours ambiants, Women Coop mise sur les forces des femmes actives dans le monde de l’entreprise. (c) Unsplash/Alexis Brown

MicroStart est une agence de prêts qui octroie des microcrédits professionnels. Village Partenaire est un GEL: un guichet d’économie local. Ces guichets au nombre de cinq à Bruxelles vous accompagnent dans toutes les étapes de la création de votre entreprise. Point commun entre les deux structures: elles peuvent constituer un bon point de départ pour que votre petite entreprise ne connaisse pas la crise. Mais vaut-il mieux se diriger vers un microprêteur ou un guichet d’économie locale (GEL)? Comment se passent les premiers contacts? Quelles informations sont-elles données? Les candidats sont-ils invités à rapidement passer à l’acte? Premiers pas incognito dans le monde de l’entrepreneuriat avec un projet test imaginé pour l’occasion: l’ouverture d’une poissonnerie à Molenbeek-Saint-Jean. Au programme: une devanture présentant des soupes de poissons, crevettes, petits snacks. La version «halal» de la place Sainte-Catherine.

Village Partenaire

Un coup de fil, un rendez-vous pour une séance d’information collective.

Au premier étage du Village Partenaire, trois poubelles dans un coin: un sac jaune, un sac bleu et un sac gris. Peut-être parce que ce guichet a pour spécificité le développement durable. Le soleil tape. Il fait chaud. Huit personnes cuisent face à Pierre Gillet qui explique que le Village Partenaire «privilégie les entreprises de moins de trois ans». Cela tombe bien: chaque personne est ici parce qu’elle a un projet de vie. «À savoir une bonne idée qui doit coller avec vous-même. C’est à ce moment que nous intervenons le plus. Mais nous ne ferons pas le projet à votre place. Il faut vous l’approprier et pouvoir le défendre.»

Pierre Gillet explique que le projet doit s’implanter à Bruxelles, que l’équipe du Village Partenaire est composée de généralistes, sans comptable, et que la spécialité de la maison est le développement durable.

Pendant deux heures, tout y passe: les statuts et leurs caractéristiques, les aides, les prêteurs (Crédal, microStart, le Fonds de participation, BruSoc, les bourses «coup de pouce» ou «entreprise durable» du Village Partenaire), mais aussi le centre d’entreprises en difficulté. Gratuit et confidentiel.

Tout le monde prend note, pose des questions. Pierre invite à présenter son projet. Les langues se délient. Entre réparation de vélos, uniformes scolaires et potager bio, les projets sont tournés vers la classe moyenne supérieure et/ou affichent ouvertement la cible: le quartier business européen et les expatriés. Les porteurs du projet au rendez-vous paraissent du même tonneau, la parole aisée, le projet mûri et l’intellect structuré. Du microcrédit pour nantis? L’impression est renforcée par les projets présentés sur le site de Village Partenaire.

Est-ce vraiment le public le plus nécessiteux, celui que doit soutenir Village Partenaire? Recontacté dans la foulée, Pierre Gilet tempère le constat de terrain: «C’est relativement peu commun d’avoir autant de projets sur le développement durable (DD) lors d’une session. D’habitude, la majorité ne sait pas ce qu’est le DD. Cette séance n’est pas représentative de ce qu’on vit au quotidien.» En 2013, sur les 340 personnes accompagnées, 212 étaient demandeurs d’emploi, 12 émargeaient au CPAS et 62 personnes étaient déjà salariées. «À part les projets immoraux, illégaux ou complètement farfelus, on accompagne tout le monde.»

microStart

Premier appel à l’agence bruxelloise et… je tombe à l’agence de Liège. Le préposé prend mes coordonnées et mon secteur d’activités. Le microStart le plus proche me rappellera. Mais on ne me rappelle pas. Deuxième appel une semaine plus tard. Rebelote pour les informations. Saint-Gilles transmet à Schaerbeek et on me rappellera le jour même. Ce qui n’est pas le cas.

Une semaine plus tard, las d’attendre, je me présente à l’agence. «Une poissonnerie? Vous n’avez pas déjà téléphoné. Cela me dit quelque chose…»

L’entretien est individuel. La préposée précise que les formations ne sont pas liées au crédit. Elle cerne l’avancée du projet: «Vous avez une étude de marché, connaissez les charges du loyer? Vos marges? La viabilité du projet? Un plan d’investissement?»

Elle m’explique les possibilités et les conditions de prêt: entre 500 à 10.000 euros à du 8,98 % et des frais de dossier de 5%. Et une personne garante sur le prêt.

L’accompagnement est gratuit, des rendez-vous individuels avec expert sont possibles. Et là, je peux directement faire le prêt? Elle sourit, incrédule face à ce poissonnier improvisé. «Concrètement, quand on estime qu’un projet arrive à maturité, que vous avez un local, des fournisseurs, alors on organise un rendez-vous pour une demande de financement. Maintenant, ce n’est pas possible, vous êtes au stade de la discussion.» Et cela prendra combien de temps cette maturité? «Cela dépend de vous. C’est votre travail. Notre coach peut vous donner les étapes.»

Elle me donne son numéro de GSM. Dans les jours qui suivent, microStart me rappellera deux fois pour savoir si j’avance dans le projet. Pas vraiment. Il se termine en queue de poisson.

Olivier Bailly

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