Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Edito

Mécanique des fluides

En 2015, l’Inami a déboursé 6,358 milliards d’euros pour couvrir les indemnités des personnes mises en incapacités de travail. La même année, les allocations de chômage coûtaient 6,244 milliards à l’Onem. Mettez ces deux chiffres côte à côte et comparez. Quelque chose vous étonne? Pour la première fois dans l’histoire de la sécurité sociale, le premier montant a dépassé le second.

©Alessandro Mussachio/Flickr CC

En 2015, l’Inami a déboursé 6,358 milliards d’euros pour couvrir les indemnités des personnes mises en incapacité de travail. La même année, les allocations de chômage coûtaient 6,244 milliards à  l’Onem. Mettez ces deux chiffres côte à côte et comparez. Quelque chose vous étonne? Pour la première fois dans l’histoire de la sécurité sociale, le premier montant a dépassé le second.

En décembre, une autre statistique retenait l’attention des médias. Entre 2007 et 2014, les cas de burn-out ont presque triplé, passant de 29.112 à 83.155 par an1. Le monde du travail semble de plus en plus malade. Mais l’épuisement professionnel n’explique pas à lui  seul l’explosion des chiffres de l’Inami.

En mécanique des fluides, le principe des vases communicants établit qu’un liquide homogène remplissant plusieurs récipients, reliés entre eux à leur base, s’équilibre à la même hauteur dans chacun d’eux. En toute logique, la pression mise par les gouvernements successifs sur l’assurance chômage et sur le régime des pensions s’est reportée sur d’autres maillons de notre sécurité sociale comme les CPAS ou l’Inami. «Jusqu’en 2000, la situation était plutôt stable. Puis on a reculé l’âge de la pension des femmes de 60 à 65 ans. Ensuite, avec le Pacte des générations, on a réduit l’accès à la prépension. Le gouvernement Di Rupo, lui, a durci les critères pour la pension anticipée et accentué la dégressivité des allocations de chômage», avance le directeur de l’Inami, François Perl, dans La Libre Belgique pour expliquer l’explosion de son budget 2.

6,358 milliards d’euros ! L’addition est salée. Pour réduire les dépenses, le gouvernement a décidé cette fois d’activer les personnes en incapacité de travail, pardon, de mettre en place «un parcours de retour progressif en entreprises». La première mouture du projet – qui prévoyait que le malade serait contraint de coopérer à son plan de réinsertion sous peine de voir son indemnité sanctionnée de 10 % – n’a pas manqué de susciter une levée de boucliers des syndicats.

Autre leçon de physique élémentaire, à force de remplir la coupe, elle finit toujours par déborder…

 

En savoir plus

1. Le nombre de dépressions et de burn-out ne cesse d’augmenter en Belgique. Vendredi 18 décembre. www.rtbf.be.

2. «L’incapacité de travail coûte désormais plus à L’État que le chômage», La Libre, 3 février 2016.

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)