Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Petite enfance / Jeunesse

Les Petits Tambours: l’inclusion des tout-petits

Quand une maison d’enfants se veut un lieu d’accueil épanouissant pour tous, handicap ou pas. À Lasne, à la crèche des Petits Tambours, on a fait de l’écoute plus qu’un principe, une philosophie de vie.

© Les Petits Tambours

Quand une maison d’enfants se veut un lieu d’accueil épanouissant pour tous, handicap ou pas… À Lasne, à la crèche des Petits Tambours, on a fait de l’écoute plus qu’un principe, une philosophie de vie.

Un lieu clair où le bois et les couleurs dominent, donnant à cet espace niché dans le Brabant wallon une atmosphère de sérénité. Tous nos intervenants mettront d’ailleurs en avant l’ambiance paisible qui règne dans cette maison où le visiteur ne se rend pas spécialement compte que certains bouts de chou sont «différents». Les Petits Tambours accueillent en effet plusieurs enfants aux besoins spécifiques qui se sentent, eux comme leurs parents, entourés, suivis au plus près et parfaitement intégrés à un quotidien bénéfique pour leur développement.

Vanessa De Backer, la directrice, dirige son équipe depuis les débuts de cette toute jeune crèche, à savoir janvier 2013. «Tous les enfants ont besoin d’évoluer à leur propre rythme. Cette volonté de respecter le rythme de chacun figure à la base de notre projet, de même que l’envie de faire se côtoyer des enfants en bonne santé et d’autres nécessitant d’être stimulés autrement. Les enfants porteurs d’un handicap ont le droit d’évoluer dans un espace en rapport avec leur âge.» L’un des points principaux du projet est que les enfants puissent bénéficier de soins, notamment paramédicaux, durant leurs heures de présence à la crèche afin d’alléger les charges des parents qui souvent se voient contraints de quitter leur travail ou de travailler à temps partiel. Grâce aux différentes compétences extérieures présentes durant les heures de la crèche, kinés, logopèdes, psychologue, psychomotricienne, etc., les parents peuvent reprendre le cours d’une vie plus normale.

Cette diversité des soins rejoint celle des formations des puéricultrices. Parmi elles, une éducatrice ayant une expérience avec des adultes handicapés, une institutrice maternelle avec une vision d’approche plus ludique et la directrice, infirmière pédiatrique. L’asbl Caravelles, en Brabant wallon, propose un renfort de puéricultrices pour des enfants porteurs d’un handicap, ce qui aide à mettre en place des projets spécifiques. Restent les questions, légitimes, que se posent les parents. «Les parents d’enfants non handicapés peuvent exprimer des inquiétudes par rapport à une éventuelle agressivité ou à un retard de développement au contact d’enfants ayant des difficultés. Mais la majorité des parents qui viennent chez nous le font en connaissance de cause, désireux de vivre cette mixité, souvent confrontés au handicap dans leur entourage familial ou professionnel. Une visite de la crèche suffit à estomper les craintes! Rien de plus rassurant que des enfants qui jouent les uns avec les autres.» Il est prévu que l’enfant puisse rester jusqu’à 6 ans, selon ses besoins et ses capacités à rejoindre une école maternelle. «L’enfant doit toujours retirer un bénéfice de sa présence à la crèche. Il ne faut pas rester pour rester.»

Trois ans pour voir le jour

Après 18 mois d’existence, la crèche est complète. Sur 18 enfants, six sont porteurs d’un handicap. Geneviève Deprince, puéricultrice, a travaillé durant 10 ans dans une crèche classique avant de rejoindre Les Petits Tambours. «Car chaque enfant est différent, à nous de nous adapter. Ouverture, solidarité, et surtout tolérance et écoute sont des mots qui nous guident au quotidien. Les parents ont le sentiment que leur enfant est vraiment pris en charge. En tout cas, si c’était à refaire je resigne des deux mains! J’ai le sentiment que nous sommes plus une grande famille qu’une crèche.»

Une famille qui a mis plusieurs années à voir le jour. Quand Pierre Schulte et son épouse ont eu une petite fille atteinte de trisomie 21, ils ont dû se confronter à la réalité du monde du handicap. «Très vite, nous nous sommes rendu compte du peu de structures adaptées existant. Lassés de courir entre la crèche, les médecins, les kinés et le travail à temps plein, nous avons pensé à créer un lieu en nous inspirant d’autres structures, et notamment celle des Lucioles, également en Brabant wallon qui accueille des enfants porteurs de pathologies lourdes. L’impulsion pour créer une structure appliquant les principes de l’inclusion pour la petite enfance mais s’adressant à des pathologies un peu moins lourdes est née de là. Nous travaillons d’ailleurs en synergie, aiguillant parents et enfants selon les pathologies.» Après la parution des statuts en 2009, il a fallu trois ans pour monter le projet et rechercher les aides. Des fonds de 200.000 euros ont été levés pour rénover les bâtiments de 200 m2 qui se situent au sein de l’asbl L’Essentiel, centre d’hébergement pour adultes handicapés, qui collabore d’ailleurs activement à différentes animations de la crèche. Un projet social global et cohérent qui a obtenu l’agrément de l’ONE. La Province du Brabant wallon a soutenu le projet en versant près de la moitié de la somme nécessaire complétée par des dons de mécènes et de fondations privées. «Aujourd’hui, l’asbl Hélios reçoit des subsides de la Région wallonne par le biais de l’APE, Aides à la promotion de l’emploi, ce qui nous permet de couvrir 40% des frais de fonctionnement de la crèche. Une aide précieuse car elle nous permet d’appliquer des tarifs abordables au plus grand nombre de parents, contrairement à la majorité des crèches privées. Si une crèche communale demande en moyenne 300 euros par mois, nous en sommes à 460 par mois, là où ailleurs il sera demandé 750 par mois. Cela étant une moyenne, nous sommes à l’écoute de parents éprouvant des difficultés.»

Une crèche exceptionnellement calme!

Naima Menschaert est la maman de Maxime, 18 mois. Pour ces parents désemparés devant les pathologies inexpliquées de leur fils, la crèche leur a apporté un certain réconfort. «Il a un gros retard psychomoteur et fait de la kiné trois fois par semaine, ainsi que de la stimulation visuelle. Nous nous sentons, enfin, écoutés, d’autant que nous ne devons plus courir de tous les côtés. Nous avons en face de nous une équipe ouverte à la différence et au handicap. La crèche étant une petite structure, elle permet une attention accrue à chaque enfant. Nous n’avons toujours pas de diagnostic quant aux problèmes de Maxime et sommes dans le doute total. Le fait qu’il soit dans une crèche mixte, avec des enfants non handicapés, nous a séduits. Nous recevons beaucoup de retours quant à son évolution et les puéricultrices sont toujours disponibles pour le stimuler au mieux.»

Géraldine Roels, la maman de Valentine, est arrivée à la crèche un peu par hasard, sans savoir au départ qu’on y recevait aussi des enfants porteurs d’un handicap. Une démarche qui l’a d’emblée enthousiasmée. «Je trouvais important que ma fille soit ouverte à la différence, que ce soit avec des enfants ou même des adultes handicapés lors d’activités. Être confrontée, dès son plus jeune âge, au handicap lui permettrait de ne pas en avoir peur. J’apprécie leur programme de respect de chacun, selon son rythme. Valentine a 22 mois. Aux Petits Tambours, on s’adapte aux besoins de chaque enfant. Valentine connaît une situation de famille difficile et les puéricultrices en tiennent compte en l’encourageant et en l’entourant. Ma fille a horreur des cris et des pleurs. Or cette crèche est exceptionnellement calme! Je dis souvent que je considère toutes les puéricultrices des Petits Tambours comme autant de petites mamans.»

 

 

Aller plus loin

Alter Échos n°381 du 09.05.2014: «Handicap de situation ou situation de handicap?» (numéro spécial)

En savoir plus

Les Petits Tambours — tél. 02 385 49 70 — site: www.lespetitstambours.be

Gilda Benjamin

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)