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Regard critique · Justice sociale

Santé

Le centre pour toxicomanes au bord de l’asphyxie

Si une solution n’est pas dégagée d’ici octobre pour le centre Transit, les centaines de toxicomanes qui y trouvent refuge chaque année seront livrés à leur sort

Le centre Transit est menacé de fermeture pour raisons financières. Si une solution n’est pas dégagée d’ici octobre, les centaines de toxicomanes qui y trouvent refuge chaque année seront livrés à leur sort

Quelques chiffres suffisent à se convaincre de l’enjeu. En 2012, Transit1, centre d’accueil et d’hébergement pour usagers de drogues, a pris en charge 8835 nuitées. Ce qui représente 632 patients différents, dont 284 nouveaux dossiers. Depuis l’ouverture en 1995, les usagers de drogues sont chaque année plus nombreux à frapper à la porte de ce centre qui propose, 24 h/24 h et 7 jours sur 7, un accueil gratuit et inconditionnel. A côté de l’hébergement de crise, l’association, située à deux pas de la Gare du Nord, a développé un comptoir d’échange de seringues, des appartements de transition, un travail d’accompagnement extérieur des patients au sein des prisons…

Au-delà du drame qu’une fermeture entraînerait pour le public, les conséquences pour la cohérence du dispositif global d’aide aux toxicomanes à Bruxelles seraient désastreuses, comme le souligne la directrice de Transit, Muriel Goessens : « Nous sommes complémentaires à des structures de soins comme La Mass et le Projet Lama. Leurs patients sont soignés chez eux et logés chez nous. Nous recevons aussi des personnes qui sont exclues de centres résidentiels et hospitaliers de cure. Cela permet d’éviter que ces personnes ne retombent directement à la rue et perdent tous les acquis sociaux et administratifs qu’elles ont pu reconstruire. » Au jeu des vases communicants, l’asile de nuit et les centres d’hébergement pour sans-abri du Samu social, qui sont déjà surpeuplés et pas toujours outillés pour accueillir ce public spécifique, se verraient aussi confrontés à de nouvelles demandes.

Prévenir coûte moins que guérir

Pour rappel, Transit a été ouvert en 1993 dans le cadre des contrats de sécurité mis en place par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Louis Tobback (SP à l’époque), en réponse aux émeutes de Forêt. Par la suite, ces contrats ont été refondés dans un Plan stratégique de sécurité et de prévention (PSSP) pour mieux prendre en considération la déontologie du travail social.

Les problèmes financiers de l’association se posent à deux niveaux. A court terme, l’asbl se retrouve confrontée à un déficit de trésorerie. Transit fonctionne avec une enveloppe fermée du SPF Intérieur, complétée par une aide régionale, qui ne suffit plus à couvrir l’indexation des salaires et l’augmentation des frais de fonctionnement. D’ici octobre, l’asbl ne sera plus en mesure de payer ses travailleurs si une solution n’est pas dégagée par le conseil d’administration fin juin. Si Transit passe ce cap, à moyen terme, l’asbl sera confrontée à un second problème. Dans le cadre de la régionalisation des politiques de santé de la sixième réforme de l’Etat, le Fédéral souhaite se décharger des volets drogues des PSSP. Un transfert de compétences qui ne sera vraisemblablement pas synonyme de transfert de moyens dans ce cas, laissant le centre d’accueil et d’hébergement dans l’incertitude la plus complète quand à la poursuite de son financement ? La Région et/ou les communes vont-elles prendre le relais ? En ces temps de disette budgétaire, la tentation de vouloir faire des économies sur les budgets d’aide aux toxicomanes est grande. Muriel Goessens met en garde contre les mauvais calculs : « Le coût d’un comptoir d’échange de seringues n’est rien en comparaison du coût de prise en charge d’une personne atteinte d’hépatite. »

1. Transit :
– adresse : rue Stephenson, 96 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 215 89 90
– courriel : transit.asbl@skynet.be

Aller plus loin

Alter Echos n° 349 du 19.11.2012 : Transfert de compétences : « Y a-t-il quelqu’un à bord »

Alter Echos n° 355 du  04.03.2013 : Tadam attend son évaluation

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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