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Regard critique · Justice sociale

Culture

« La culture n’est pas un luxe »

Musées, sites touristiques, salles de spectacle… Les personnes handicapées ont, comme tout un chacun, des désirs d’évasion, de découverte et de loisirs. Même si le chemin est encore long, les initiatives se multiplient.

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Musées, sites touristiques, salles de spectacle… Les personnes handicapées ont, comme tout un chacun, des désirs d’évasion, de découverte et de loisirs. Même si le chemin est encore long, les initiatives se multiplient.

Qui dit accessibilité pour tous, à tous les services, se doit de penser aussi aux activités culturelles. Les personnes handicapées, qu’elles souffrent d’un handicap moteur, de malvoyance, de surdité ou d’un déficit mental ont le droit de s’émouvoir devant un tableau, un concert ou un lieu du patrimoine. Tout n’est pas fait pour les encourager, tant s’en faut. Mais les choses qui se mettent en place dans différents sites participent d’une vraie prise de conscience tant des pouvoirs publics que des partenaires privés.

Le Salon Autonomies a été créé à Liège en 2002 et se déroule tous les deux ans. Il informe les personnes handicapées sur les services et innovations existants. Au lendemain de sa dernière édition, qui a réuni nombre d’exposants, d’ateliers et de conférences, nous faisons le point avec son directeur, Roland Gauvry. « La thématique tourisme et loisirs pour tous est assez récente, la Belgique se trouve un peu en retard par rapport à d’autres pays. Cette année, encore plus de lieux ont fait connaître leurs nouveautés, comme les Grottes de Han avec des rampes pour rendre accessible une partie du parcours. Les fédérations provinciales du tourisme ont pris les choses en main, comme celles de Liège et du Luxembourg en analysant toute une série de sites sur leur territoire. »

Un site comme Access-i permet d’identifier l’accessibilité d’un site, d’un bâtiment ou d’un événement, proposant entre autres un agenda. « Les personnes handicapées souffrent autant de leur handicap que du fait de manquer d’informations, notamment en matière d’offre culturelle. C’est là qu’Access-i joue un rôle essentiel en tant que plate-forme d’information. Le Salon est là aussi pour communiquer au maximum durant trois jours. »

Pourtant, les personnes handicapées hésitent encore trop souvent à se rendre dans les lieux et événements culturels. Résignées ? Méfiantes ? « Cap 48, depuis sa renaissance, a réussi à éveiller les consciences et l’intérêt des personnes handicapées comme du public. S’il y a encore une certaine frilosité, elle est en baisse. »

Promenades poétiques

promenade contée au musée ©DR
promenade contée au musée ©DR

Christine Ayoub est coordinatrice Langue des signes Educateam. Les Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles sont les premiers à avoir proposé une formation de guides sourds qui offrent une visite guidée en langue des signes. « Nous partons du principe que la culture n’est pas un luxe ou un divertissement, mais un outil de transformation de la personne. Dans ce but, nous développons différents moyens pour rendre nos musées accessibles et que cela fasse sens pour tous les publics. Plus nous développons des outils, comme des visioguides au Musée Magritte où 20 œuvres majeures sont expliquées en trois langues des signes, plus nous favorisons d’autres développements, ces outils ayant permis par exemple la création de visioguides pour enfants. Le spécifique a donc un impact sur le général. » Un double impact : une accessibilité à la culture et à l’emploi. Une manifestation comme les « Promenades contées, Promenades signées » mélange les publics, proposant une véritable chorégraphie sourds/entendants nécessitant de nombreuses répétitions.

Educateam a mis au point un Musée sur mesure avec trois programmes destinés aux personnes handicapées : Équinoxe s’adresse aux visiteurs aveugles et malvoyants, Comète aux personnes fragilisées, dont celles souffrant d’un déficit intellectuel, et Langue des signes pour les sourds et malentendants. Le mot clé : décloisonner les publics. De ce fait, des entendants enthousiastes reviennent tous les mois pour les promenades contées. « Mais, étonnamment, il est plus difficile d’attirer le public sourd. Nous devons absolument communiquer davantage et autrement, de façon encore plus visuelle. C’est dans ce sens que je vais prochainement analyser le langage non verbal dans les tableaux des XVe et XVIe siècles afin de toucher ce public au mieux. »

 

 

 

Gilda Benjamin

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