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Regard critique · Justice sociale

Genre

Près de trente ans après l’apparition de la notion de « genre », sa traduction dans les faits peine encore

Difficile de s’imaginer que l’apparition de la notion de « genre » remonte aux années « 80. Elle est en quelque sorte contemporaine du règne de Margaret Thatcher, la « Dame de fer » récemment décédée. Mais la comparaison s’arrête là. Quoique… Sa carrière a sans doute dû pousser pas mal de femmes à entrer en politique… Partisanes ou opposantes. En tout cas, elle a su pulvériser « le plafond de verre », pour reprendre l’expression consacrée désignant la difficulté d’accès des femmes aux postes supérieurs. Tout comme Indira Gandhi, Golda Meir, Sirimavo Bandaranaike, Mary Robinson ou encore Vigdís Finnbogadóttir…
Mais revenons au concept du « genre ».
Ce qui est frappant dans l’histoire de ce concept, ce sont les lenteurs avec lesquelles il est accepté. Les mentalités évoluent lentement, il est vrai. Mais il n’est pas une étude qui, aujourd’hui, ne conclue sur des recommandations en faveur d’une approche genrée de telle ou telle problématique. Il suffit de relire notre précédent dossier « Femmes dans la ville : plus vulnérables ? » (Alter Echos n° 347 du 12.10.2012) ou de parcourir l’Alter Echos que vous tenez entre les mains. « Bruxelles Pionnières » est un incubateur d’entreprises destiné à la création d’entreprises portées par des femmes ; la récente étude de la Fondation Roi Baudouin sur les impacts sociaux de la performance énergétique des bâtiments plaide, entre autres, en faveur d’une analyse genrée de la précarité énergétique. Ou encore la énième relance des Femmes prévoyantes socialistes qui demandent qu’une série de mesures soient prises pour endiguer la précarisation des mères seules.
Fort bien, mais nous sommes en 2013… Soit près de trente ans après l’apparition de la notion de « genre ». Il est par exemple piquant de voir qu’il est régulièrement rappelé de recourir plus systématiquement à des analyses statistiques sexuées. A croire que cette recommandation est rarement prise en compte.
Or elle est capitale pour la mise en œuvre du « gender mainstreaming ». Pour rappel, « le gender mainstreaming, ou approche intégrée de la dimension de genre, est une stratégie qui a pour ambition de renforcer l’égalité des femmes et des hommes dans la société, en intégrant la dimension de genre dans le contenu des politiques publiques », peut-on lire sur le site de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Et de préciser encore : « Une politique qui intègre la dimension de genre est une politique dans le cadre de l’établissement de laquelle on a examiné de manière comparative la situation des femmes et des hommes concernés, on a identifié les éventuelles inégalités entre les sexes, et on a cherché à les réduire ou à les éliminer. » Or pour comparer, il faut des données différenciées.
Il semble qu’il faudra régulièrement remettre le couvert pour une approche genrée des différentes problématiques. En espérant, cette fois, que les recommandations en ce sens soient (enfin) prises en compte.

Baudouin Massart

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