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Bianca Debaets : «Ma priorité est de lutter contre la violence faite aux femmes»

Bianca Debaets (CD-V) est secrétaire d’État bruxelloise chargée notamment de l’égalité des chances. Elle nous a confié ses projets pour cette législature.

Bianca Debaets (CD&V) est secrétaire d’État bruxelloise chargée notamment de l’égalité des chances. Elle nous a confié ses projets pour cette législature. 

Alter Échos: À la Région bruxelloise, vous êtes chargée de la coopération au développement, de la sécurité routière, de l’information régionale et communale et de la transition numérique, de l’égalité des chances et du bien-être animal. Cela fait beaucoup de compétences très différentes. N’est-ce pas trop? Où mettre les priorités?

Bianca Debaets: Et vous oubliez mes compétences au sein de la Commission communautaire flamande: l’égalité des chances et le bien-être. Ce n’est pas un handicap, au contraire. Cela me donne la possibilité d’implémenter la position de mon parti dans beaucoup de domaines. J’essaie par ailleurs de faire des liens entre toutes ces compétences. Par exemple entre l’informatique et la coopération au développement. Nous allons réaliser au Congo un projet de classe mobile. C’est un camion qui se déplacera dans les endroits les plus reculés pour donner des cours d’informatique. Ces cours sont aussi nécessaires pour certains groupes à Bruxelles qui n’ont pas ou peu accès à internet, comme les femmes d’origine étrangère. Cela, c’est dans le cadre de l’égalité des chances.

Alter Échos: L’égalité des chances est une compétence transversale. Elle concerne l’emploi, le logement. Comment gérer cela au sein du gouvernement bruxellois? Une convergence des politiques est-elle prévue?

B.D.: C’est en tout cas l’ambition. Ce qui va nous aider, c’est l’ordonnance «gender mainstreaming» qui sera bientôt publiée. Le but est de faire travailler tous les ministres bruxellois dans une optique de prise en considération du genre. Une personne sera désignée dans chaque cabinet et un groupe de coordination entre les membres des cabinets ministériels et l’administration sera chargé du suivi de cette ordonnance. On a aussi élaboré des «gender tests» qui permettront à chaque ministre d’évaluer les effets de sa politique en matière d’égalité hommes et femmes. Cela se fera aussi dans les communes au niveau de l’élaboration du budget. Certaines communes ont déjà commencé à concevoir leur budget dans cette perspective d’égalité des sexes.

Alter Échos: Dans chaque commune, il existe un échevin chargé de l’égalité des chances. Vous avez pris contact avec eux?

B.D.: Je les rencontre cet après-midi! Nous avons organisé un voyage à Lyon pour étudier les bonnes pratiques de cette ville en matière d’égalité des chances. C’est une première étape pour le travail que nous allons mener ensemble dans les prochaines années.

Alter Échos: Ensemble? Vous sentez une volonté d’agir en ce sens?

B.D.: Ce qui m’a frappée, c’est le fait que ces échevins se rencontrent très peu. J’ai eu la même expérience avec le bien-être animal quand j’ai rassemblé les échevins concernés à propos de l’abattage rituel. Ils étaient très contents d’être rassemblés et de s’organiser ensemble. Je veux faire la même chose pour l’égalité des chances et la sécurité routière.

Alter Échos: les communes bruxelloises restent trop sur leur pré carré?

B.D.: Oui mais on sent que cela change. Je pense que les échevins prennent conscience qu’ils sont limités dans leur action en agissant au seul niveau communal. La concurrence entre la Région et les communes, c’est terminé, je crois. Il y a une nouvelle génération qui ne réagit plus ainsi.

Alter Échos: Pour vous, quel est, au plan de l’égalité des chances, le problème le plus urgent à Bruxelles?

B.D.: La violence faite aux femmes. Les violences conjugales mais aussi la violence dans la rue, les mutilations génitales. Ce sera ma priorité cette année. J’organiserai une journée en novembre où on présentera une nouvelle étude faisant le point de la situation. La dernière date d’il y a cinq ans. Nous voulons savoir si la violence touche plus particulièrement certains groupes de femmes, certaines catégories d’âge pour mieux orienter les politiques.

Alter Échos: Et les discriminations sur la base de l’origine ethnique dans l’emploi, dans le logement? Vous avez des projets?

B.D.:  Nous développons un projet de lutte contre les discriminations dans l’entreprise en donnant des outils aux syndicats, des formations notamment. Cela se fera en concertation avec les ministres compétents dans ce domaine. Nous sommes favorables au système des «mystery clients» (les enquêteurs mystères) dans les titres-services par exemple, pour détecter la discrimination. Sensibiliser ne suffit pas. Il faut aller plus loin.

Alter Échos: Bruxelles est confrontée au vieillissement de la population immigrée et donc à la présence de cette première génération dans les maisons de repos et de soins. La déclaration de politique régionale parle de prendre en compte la dimension culturelle du secteur des soins.

B.D.: Oui, c’est en effet dans l’accord de gouvernement. Du côté flamand, cela se fait déjà. Des formations sont organisées pour «interculturaliser» les maisons de repos. On forme des médiateurs qui traduisent auprès du personnel soignant les aspirations culturelles, religieuses des personnes qui se rendent dans les hôpitaux. Cela devrait se faire aussi au sein de l’ONE. Nous voulons lancer une plate-forme sur les enjeux culturels et convictionnels dans le domaine des soins.

Alter Échos: Le gouvernement fédéral a élaboré un plan d’action nationale contre l’homophobie, avec les Régions. Où en est-on à Bruxelles?

B.D.: Avec le Centre pour l’égalité des chances, nous allons mener des actions avec la police sur la question de la violence contre les homosexuels. Ces victimes ne sont pas toujours bien accueillies par les policiers quand elles portent plainte. Dans notre nouveau site internet, nous allons donner des possibilités de rapporter, de signaler des faits de violence homophobe.

Alter Échos: Bruxelles est une ville peu accessible aux personnes handicapées ou à mobilité réduite. Les aménagements peuvent coûter cher mais avez-vous un calendrier pour programmer une accessibilité accrue?

B.D.: J’ai appris récemment que même le service social destiné aux personnes handicapées n’était pas accessible aux fauteuils roulants. Je voudrais faire, comme pour le genre, un screening des politiques en cours. Il faut agir dans les transports en commun et pour faire respecter les places réservées sur les parkings. Je le ferai dans le cadre de mes compétences en matière de sécurité routière. Je dispose d’un budget pour rendre les événements comme les festivals à Bruxelles accessibles aux handicapés.

Alter Échos: Passons à la sécurité routière à Bruxelles. Où et comment voulez-vous agir?

B.D.: Je peux faire beaucoup de choses Je peux agir sur le contrôle technique, le permis, les campagnes de sécurité routière. Pour le permis de conduire, je voudrais introduire le test de perception des risques. L’examen théorique est trop axé sur la seule connaissance de la réglementation routière mais on ne teste pas si les gens sont conscients des risques dans la conduite. Là où ce test existe dans d’autres pays européens, les gens réussissent mieux leur examen pratique. Nous espérons lancer ce test pour la fin de l’année.

Alter Échos: Conduire à Bruxelles suppose aussi de tenir compte des piétons, des cyclistes…

B.D.: Exactement. Rouler à Bruxelles, ce n’est pas rouler dans les Ardennes. La formation doit être axée davantage sur la densité de la circulation dans une grande ville et nous focaliserons les messages de sécurité routière sur cet aspect.

 

 

 

 

 

Martine Vandemeulebroucke

Martine Vandemeulebroucke

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