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Regard critique · Justice sociale

Vu de Flandre

Les maisons vides du logement social

En Flandre, plus de 6 % des logements sociaux sont inoccupés, selon une étude de l’Université d’Anvers. Des pistes sont pourtant possibles pour réduire ce taux.

Plate VIII. The art of drawing in perspective made easy to those who have no previous knowledge of the mathematics. 1803.

En Flandre, plus de 6% des logements sociaux sont inoccupés, selon une étude de l’Université d’Anvers. Des pistes sont pourtant possibles pour réduire ce taux.

L’étude s’intitule sobrement «Inoccupation et réhabilitation» et a été réalisée à la demande du Kenniscentrum Vlaamse Steden (Centre d’expertise des villes flamandes). Dans les villes, le taux d’habitations sociales inoccupées dépasse souvent allégrement les 6%. À Gand et à Anvers, on tourne autour de 10% pour culminer à 14% à Malines. Des chiffres interpellants quand on connaît le nombre de familles en attente d’un logement social en Région flamande.

Pour Tom Coppens, l’un des auteurs de l’étude, «il ressort de nos entretiens que plusieurs sociétés de logement social sont chroniquement en sous-effectifs. Mais la principale cause d’inoccupation, ce sont les projets de rénovation et de réhabilitation. Le patrimoine de logements sociaux est en grande partie vétuste et ne répond plus aux normes du code de logement». Alexander Vandersmissen, de la société Woonpunt de Malines, confirme : «Nos habitations sociales datent en grande partie des années 50 et 60. Les travaux de rénovation, qui auraient dû commencer dans les années 80 et 90, ont été sans cesse reportés. Et maintenant, nous nous retrouvons avec 1 700 logements sur 2 700 qui doivent être rénovés. Nous nous y attelons depuis 2010 mais il faudra attendre 2020 pour que tout le retard soit résorbé.»

Mieux s’organiser

Les sociétés de logement pourraient mieux s’organiser, estime pour sa part Tom Balthazar, échevin gantois du Logement et de la Rénovation urbaine (sp.a). «Elles attendent que tout un bloc ou même tout un quartier soit vide pour commencer les travaux, de manière à obtenir des conditions plus avantageuses auprès des entrepreneurs, mais comme les locataires ont des baux à durée indéterminée, cela peut durer très longtemps.» La société gantoise Volkshaard a désormais entrepris de procéder autrement. «Nous sommes en train d’inventorier tous les quartiers à risque en la matière, ceux qui ont été construits avant 1970», explique le directeur, Hans Heyse. «Ainsi que les logements occupés par des plus de 60 ans. Ceux-là représentent plus de 60% du total, le préavis n’y est que d’un mois au lieu de deux en cas de déménagement et celui-ci se fait la plupart du temps vers une maison de repos. Dès qu’un de ces logements se retrouve vide, nous en entamons la rénovation. C’est plus cher mais nous prenons en charge le coût supplémentaire.»

De plus, pour ce qui est des logements habitables tels quels après le départ des locataires, la société contacte maintenant les locataires par téléphone et non plus par écrit pour accélérer les choses.

Dans le privé, les taux d’inoccupation sont beaucoup plus bas : 0,5% en moyenne en ce qui concerne les maisons en Flandre avec un maximum de 2,2% à Roulers. Mais selon Tom Coppens, ces chiffres sont quelque peu faussés par l’existence de taxes sur les logements vides. Une habitation vide sera, par exemple, meublée très sommairement et déclarée comme seconde résidence pour échapper à la taxe. Les statistiques officielles sont donc peu fiables dans ce cas. Mais «les villes qui mènent une politique active contre les immeubles inoccupés obtiennent de meilleurs chiffres en la matière. Louvain et Bruges, notamment, obtiennent de bons résultats, à cause de la pression existante sur le marché immobilier et de leurs images positives, mais aussi, de leur politique en matière de rénovation urbaine, avec des systèmes de primes pour éviter l’inoccupation.»

Quoi qu’il en soit, le défi est de taille. Une autre enquête, réalisée par le Steunpunt Wonen (Centre de soutien au logement), montre que, en huit ans, la proportion de Flamands se retrouvant sous le seuil de pauvreté à cause du prix des loyers est passée de 27,5% à 31,6%. D’après le rapport 2013 des syndicats flamands de locataires, en à peine cinq ans, les loyers moyens ont augmenté de 74 à 101 euros par mois selon les provinces. Le porte-parole de cette fédération, Geert Inslegers, rappelle encore qu’en Flandre les logements sociaux ne représentent que 6% du parc total, que le système d’allocations loyers reste embryonnaire par rapport aux pays voisins et que les 43 000 logements promis par le gouvernement régional d’ici à 2023 ne suffiront vraisemblablement pas.

 

D’après De Morgen et De Standaard.

Pierre Gilissen

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