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Regard critique · Justice sociale

L'accueil de jour SDF, mal-loti des subsides

Les services d’accueil de jour bruxellois plaident pour un renforcement d’un accompagnement structurel des sans-abri en vue de leur réhabilitation sociale

29-03-2013 Alter Échos n° 357

Les services d’accueil de jour bruxellois plaident pour un renforcement d’un accompagnement structurel des sans-abri en vue de leur réhabilitation sociale. Ils réclament aussi une reconnaissance et un financement décent de leur secteur. Ainsi qu’un renforcement du projet « Hiver 86 400 » pour 2013-2014

« On parle beaucoup des SDF en ce moment, observe Emmanuel Bawin, directeur de la maison d’accueil l’Ilot1. Notre constat est que ces personnes sont à la rue tout au long de l’année. On plaide pour que le financement soit mieux réparti tout au long de l’année. C’est moins spectaculaire que l’ouverture de lits en urgence, mais nous pensons que c’est le seul moyen d’agir sur le long terme. » Il fait partie du projet Hiver 86 400, qui regroupe treize associations (accueil de jour, asile de nuit, travail de rue…). Mais ce n’est pas la seule revendication de ce groupement qui réclame aussi que les services d’accueil de jour soient enfin reconnus et agréés par la Cocom, l’instance régionale bruxelloise compétente pour l’Aide aux personnes. Ils sont huit à se partager seulement 300 000 euros par an pour mener leur action.

Fort du succès du projet Hiver 86 400, ils rappellent « qu’il n’y a pas que les nuits qui sont froides ». Lors de la fermeture des hébergements en urgence, des centaines de personnes se retrouvent à la rue, dans le froid et s’adressent aux services de jour. Cette année, ces derniers ont reçu 100 000 euros pour mener leur action. Une première ! Ils remercient les ministres au passage, pour une fois qu’il y a un soutien financier qui porte sur autre chose que l’hébergement d’urgence – lequel s’est vu attribuer 1 250 000 euros ! Mais cela n’a suffi qu’à renforcer l’appui de cinq services sur treize. Pour soutenir le projet au cours de l’hiver 2013-2014, il faudrait prévoir 350 000 euros.

Assiste-t-on à une énième guéguerre entre le Samu social et le reste du secteur du sans-abrisme ? Non, se défendent les partenaires d’Hiver 86 400, pour qui il est temps de sortir du débat d’un secteur opposé à un autre. « On a envie de parler du travail qu’on sait faire dans des structures à taille humaine, explique Emmanuel Bawin. Pour la personne qui sort le matin il n’y a toujours pas de solution. » « Accompagner, faire des démarches, construire des solutions durables avec les personnes sans abri, mettre en place les éléments nécessaires à une réhabilitation sociale se fait principalement en journée », clament de concert les partenaires du projet.

Hiver 86 400 : les acquis

Fruit d’une concertation entre treize services, Hiver 86 400 a permis à cinq d’entre eux d’intensifier leur action en réseau avec les autres. L’approche comporte quatre axes de travail, comme le détaille Yves Bayingana, du centre de jour La Consigne Article 232 : « Il s’agit de faire la jonction entre les acteurs de jour et ceux de la nuit en répondant, par exemple, aux besoins de première nécessité du public en lui offrant un accueil chaleureux dans un espace chauffé et sécurisé ainsi que des repas de qualité à prix très bas. » Deuxième axe : le renforcement de l’offre de douches et de repos en journée, « afin de permettre aux personnes épuisées ou malades de se reposer », poursuit Yves Bayingana qui précise que cela permet aussi de créer du lien social. Les troisième et quatrième axes portent, d’une part, sur le renforcement de l’accompagnement psychosocial et, d’autre part, sur celui du travail de rue en répondant aussi aux signalements de personnes vulnérables vivant à la rue. Ecoute, réponses adaptées, orientation des personnes font également partie du dispositif. « Le but n’est pas de créer un immense chauffoir afin de « caser » les personnes sans-abri durant la journée, mais de renforcer l’offre des structures existantes pour créer un véritable accompagnement dans la durée », insiste Floriane Philippe de la Source3, un restaurant social et service d’accueil de jour. Elle signale que sur la seule journée du 21 février 2013, 510 personnes ont passé la porte d’un service de jour.

1. L’Ilot :
– adresse : rue de l’Eglise, 73 à 1060 Bruxelles
– tél. : 02 537 20 41
– site : www.ilot.be

2. La Consigne–Article 23 :
– adresse : c/o Espace social Télé-service, bd de l’Abattoir, 28 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 548 98 00
– site : http://www.espacesocial.be

3. La Source :
– adresse : rue de la Senne, 63 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 512 71 75

En savoir plus

– Alter Echos n° 349 du 19.11.2012 : https://www.alterechos.be/index.php?p=sum&c=a&n=349&l=1&d=i&art_id=22795 Il n’y a pas que les nuits qui sont froides

Baudouin Massart

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