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«La cohésion sociale se décline dans toutes nos politiques»

Rudi Vervoort a choisi les priorités en matière de cohésion sociale pour les cinq années à venir. Mais leur application concrète suscite des remous dans le monde associatif. Dans ce contexte un peu chaud, le ministre-président bruxellois tente quelques clarifications.

Rudi Vervoort a choisi les priorités en matière de cohésion sociale pour les cinq années à venir. Mais leur application concrète suscite des remous dans le monde associatif. Dans ce contexte un peu chaud, le ministre-président bruxellois tente quelques clarifications.

Alter Échos: Une modification du décret de cohésion sociale est prévue. Pouvez-vous nous dire à quelle échéance et selon quelle méthode il sera modifié?

Rudi Vervoort: L’idée aujourd’hui, en matière de cohésion sociale, c’est qu’on ne gère pas des budgets extensibles. On travaille avec des enveloppes quasiment fermées, ce qui nous impose un exercice complexe. Lorsqu’on veut réorienter une politique, on doit amener tout le secteur à adhérer aux nouvelles priorités. Une politique qui n’est pas évidente d’autant qu’il y a un autre pan nouveau qui est important, c’est la création du Bureau d’accueil pour primo-arrivants. L’appel à projets a été lancé. On vise la création d’un premier bureau d’accueil cette année-ci.

A.É.: Et concernant ma question relative à la modification du décret…

R.V.: C’est un objectif de la législature. Mais c’est un peu tôt. Il y a des lignes directrices dans l’accord de majorité. Lorsque le renouvellement des contrats de cohésion sociale sera fait, on travaillera dessus. Le secteur associatif est extrêmement sensible sur ces questions.

« Nous n’avons pas conçu l’appel à projets en chambre »

A.É.: Justement, le secteur associatif avait plutôt bien accueilli les nouvelles priorités en matière de cohésion sociale décidées par le collège de la Cocof pour la période 2016-2020. Le «vivre-ensemble» redevenait une priorité sur la base de laquelle on pouvait obtenir des financements. Mais l’appel à projets qui a suivi a suscité un mécontentement assez profond. Notamment au sujet d’exigences administratives poussées, d’un cadre plutôt serré…

R.V.: C’est tout le paradoxe. Un des points d’accrochage était le nombre d’heures minimales de modules d’apprentissage pour pouvoir être éligible en alphabétisation. Certaines associations, en passant de 7 à 9 heures par semaine, n’auraient plus été éligibles. C’est ce qui a déclenché le mouvement. Sauf que le secteur lui-même nous avait dit, en conclusion d’un colloque sur les priorités en matière de cohésion sociale, qu’en dessous de neuf heures on ne peut pas vraiment considérer qu’on fait de l’alphabétisation de manière sérieuse. Donc nous avons suivi ces conclusions. Du coup, quelques associations ont craint de ne pas pouvoir y arriver. Nous leur avons répondu que nous chercherions des accommodements. L’appel à projets, nous ne l’avons pas conçu en chambre, il est le résultat d’un processus de concertation avec l’ensemble du secteur. Mais, à un moment, il faut trancher.

A.É.: Au-delà du nombre d’heures, n’existe-t-il pas un clivage sur le fond? Certains pensent que la cohésion sociale est de plus en plus utilisée comme une forme d’encouragement à l’insertion socioprofessionnelle, avec de plus en plus de cadre, plus d’heures, de contrôles. Est-ce votre vision?

R.V.: Indirectement oui. Mais ce n’est pas obligatoirement lié. Dans le cadre d’un cours de français en cohésion sociale, l’individu ne se fait pas contrôler. Il n’y a pas de sanctions à la clé. Personne n’est exclu. C’est un processus de cohésion sociale car nous considérons que l’apprentissage du français, ou du néerlandais, est un facteur intéressant du vivre-ensemble. Les cours de langue en ISP, c’est 20 heures par semaine, en cohésion sociale, c’est neuf heures. Cela dit, par rapport à la gestion de nos dossiers, de nos subsides, il faut un minimum de contrôles.

 

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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