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Haccourt : l’asbl Racynes construit des logements d’insertion

Installée dans une ancienne laiterie en restauration, l’asbl Racynes, implantée à Haccourt, y construit de nouveaux logements d’insertion à faible consommation d’énergie

Installée dans une ancienne laiterie en restauration, l’asbl Racynes, implantée à Haccourt, y construit de nouveaux logements d’insertion à faible consommation d’énergie. La fin des travaux est prévue pour octobre prochain. Rencontre avec Alexandre Carlier, le directeur de l’association

L’asbl Racynes1 gère un site multiservice : la création de logements d’insertion à faible consommation d’énergie, une association de promotion du Logement (APL), un service d’insertion sociale (SIS), un projet pilote d’accrochage scolaire et une ferme d’animation. Au total, son public est constitué d’une septantaine de jeunes et d’une quarantaine d’adultes. Ces personnes sont en situation d’exclusion sociale : précarité, rupture de lien avec l’entourage social, panne de projet de vie, décrochage scolaire, souffrance psychologique, maladie, déficience.

Alexandre Carlier, directeur de l’association, explique la genèse de ce vaste projet : « Racynes a été construite à partir d’une entreprise de formation par le travail (EFT) créée en 2002. Celle-ci était spécialisée dans l’agriculture biologique. A un moment donné, nous nous sommes dit qu’il fallait travailler aussi en amont, au niveau de l’insertion sociale. » Racynes fut ainsi lancée en 2007 avec, au départ, deux priorités : le développement durable et l’aide aux personnes les plus éloignées du marché de l’emploi, autrement dit celles qui sont en risque d’exclusion sociale. « Ensuite, nous avons aussi créé Soleil vert en 2008, une entreprise d’insertion qui faisait de l’isolation écologique de bâtiments. Pour héberger ces trois entreprises – l’EFT, Racynes et Soleil vert –, nous étions à la recherche d’un site. La ferme dans laquelle nous sommes aujourd’hui était disponible. »

Il s’en est suivi la création d’une société coopérative à finalité sociale, Lamba, dont la vocation était non seulement d’acquérir la ferme, mais aussi de développer des outils de gestion communs aux trois structures. Néanmoins, l’EFT et Soleil vert eurent des difficultés à se développer et finirent par quitter la ferme, dont Racynes est aujourd’hui le seul occupant. « Racynes se retrouvait à présent seule à développer ses activités, à savoir des ateliers « potagers et soupes ». Nous avions alors peu de moyens d’investissement ; nous nous sommes mis dans une ancienne roulotte de cirque, que nous avons transformée. »

De l’asbl à l’APL

En tant que service d’insertion sociale, Racynes avait du mal à s’en sortir seul. L’association démarra dès lors deux autres volets d’activités : d’une part, l’accrochage scolaire et le travail d’accompagnement en famille avec un public mineur, ce projet étant soutenu pendant trois ans par la société Carmeuse ; d’autre part, l’aide à la gestion logements. « C’est à ce titre que nous avons demandé un agrément comme association de promotion du logement (APL) auprès du cabinet du ministre du Logement, Jean-Marc Nollet, ce qui fut fait en 2010. »

Au départ, ce projet d’APL comprenait trois axes : l’accompagnement de familles dans leur logement, l’information et la formation par rapport au logement et la mise à disposition de logements innovants. « Puis, en 2010, en répondant à l’appel à projets « Habitat durable » du ministre du Logement, nous avons décidé de développer surtout ce dernier volet, avec l’idée d’avoir des logements d’insertion. » Cet appel à projets s’inscrit dans le cadre de la déclaration de politique régionale du gouvernement wallon : « Il entend améliorer la qualité et le cadre de vie des citoyens par une politique de logement, de mobilité et d’environnement audacieuse répondant aux défis du développement durable. »2 Dans le cas de l’asbl Racynes, il s’agit plus précisément de l’aménagement de logements solidaires et durables très basse énergie.

Six logements « solidaires », durables et très basse énergie

Au total, six logements sont prévus dans un bâtiment dont la construction touche à sa fin. « Nous avons construit un bâtiment avec six studios de 35 m2 pouvant accueillir chacun une ou deux personnes. Chaque logement comprend une pièce de séjour commune, une chambre et une salle de bain privative. Tout a été fabriqué dans une ossature en bois, isolé à la laine de cellulose – qui est un matériau recyclable –, avec une norme énergétique de K15 et du triple vitrage. Une société privée nous aide également en mettant des panneaux solaires sur le toit du bâtiment, ce qui permettra une production du 10 kilowatts via l’énergie solaire. »

Ces logements seront donc très peu énergivores. Ceci aura aussi pour avantage de coûter très peu aux locataires. Les logements coûteront entre 150 et 250 euros par personne, auxquels s’ajouteront à peine quelques dizaines d’euros de charges. « Ce sont des logements tremplins : les personnes y logeront de manière transitoire. Elles signeront des contrats pour six mois, avec la possibilité d’y rester un an en moyenne et maximum deux. En comptant les couples éventuels, nous devrions accueillir six à dix personnes par an. Notre projet est d’aider des personnes à se sortir du milieu dans lequel elles évoluent habituellement, comme leur famille ou leurs amis. En ayant ces personnes sous la main, nous leur permettons d’opérer des choix plus judicieux au moment où elles entament leur vie d’adulte. »

Cela va même plus loin. Une fois les logements construits, leurs occupants seront impliqués dans la vie de la structure, dans la gestion du projet et du site : « Nous avons une ferme d’animation qui compte quatre moutons, deux chèvres, un poney, des poules, des lapins et des oies. Travailler la relation des personnes avec les animaux et les inclure dans nos activités du potager et dans nos ateliers cuisine leur sera bénéfique ! »

Coût des travaux : 250 000 euros

Le montant global pour les travaux de construction avoisine les 250 000 euros. L’aide de l’appel à projets « Habitat durable » représente une manne de 200 000 euros. « Nous avons également reçu un complément de 20 000 euros de Besix Fondation, une fondation privée qui soutient financièrement des associations actives, en Belgique et à l’étranger, dans l’environnement, la construction et l’éducation. Enfin, une aide 4000 euros est également venue de la Fondation Roi Baudouin. » Sur les 200 000, 80000 ont été débloqués à ce jour. L’asbl a provisionné 50 000 euros au cas où les aides ne suffiraient pas. En tout état

 

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