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Regard critique · Justice sociale

Déchiffrage de mots pour les parents de la Cité joyeuse

L’asbl La Cité joyeuse – Foyer des Orphelins de Molenbeek a mis sur pied une classe d’alphabétisation familiale destinée aux parents des enfants de la Citéet du Centre Arnaud Fraiteur.

18-10-2012 Alter Échos n° 347

L’asbl La Cité joyeuse – Foyer des Orphelins de Molenbeek1 a mis sur pied une classe d’alphabétisation familiale destinée aux parents des enfants de laCité et du Centre Arnaud Fraiteur.

Antonia Raya Garcia est secrétaire au Service des enfants de la Cité joyeuse de Molenbeek-Saint-Jean à Bruxelles depuis bientôt 38 ans. L’asbl accueille desenfants en difficulté familiale, scolaire et sociale âgés de 2,5 ans à 21 ans. Elle fêtera ses 100 ans d’existence en 2014. Le Centre Arnaud Fraiteur accueillequant à lui des enfants infirmes moteurs cérébraux âgés de 0 à 16 ans.

Il y a trois ans, Antonia entame une formation en alphabétisation. Elle a alors l’idée d’ouvrir une classe d’alphabétisation familiale sur son lieu detravail. La direction et le conseil d’administration sont réceptifs au projet qui reçoit l’aide financière nécessaire de la Cocof et du Fonds Bepost via laFondation Roi Baudouin.

Mais qu’est-ce que l’alphabétisation familiale ? Ce type d’alphabétisation préconise l’apprentissage, par les parents, de la lecture et del’écriture, avec une sensibilisation à la scolarité de leur enfant. Des enfants qui dans ce cas précis sont pris en charge par la Cité joyeuse ou le CentreArnaud Fraiteur. « Elle permet aux parents de découvrir l’école côté coulisses et de s’impliquer dans l’éducation de leur enfant. Lepère et la mère sont les premiers éducateurs et sont un modèle. Je travaille avec trois documents-liens entre l’école et la famille à savoir : lejournal de classe, le bulletin et le cahier d’avis », explique Antonia.

Des parents en rupture avec l’école

Les apprenants sont pour la plupart précarisés. « Certains sont étrangers, sans famille proche en Belgique. Ils ne parlent pas ou très mal français et ontété peu ou pas scolarisés. Ceux d’origine belge ont eu un contact difficile avec l’école. Le sentiment de honte de ne savoir ni lire ni écrire et lemanque de reconnaissance sont grands. Les apprenants ont généralement eu un parcours de vie chaotique. »

Au cours, la souplesse s’impose. L’horaire a été adapté aux disponibilités des parents. Par groupe de cinq à six, ils apprennent à tenircorrectement un stylo, à écrire une simple lettre, à faire le geste graphique. En classe, les notions de respect, d’écoute et d’entraide sont primordiales.

La difficulté pour Antonia est d’entrer en contact avec son public. « Le service psycho-social a présenté le projet à certains parents et lesprofesseurs ont glissé une lettre dans les journaux de classe. Mais la démarche n’est pas facile. Il est compliqué d’expliquer le projet à des parents parfoisdémunis face au placement de leur enfant ou face aux lacunes familiales. Pointer une difficulté supplémentaire peut être vécu comme blessant ou humiliant. Nousfaisons preuve de beaucoup de psychologie et de doigté, mais le projet reste difficile à amener », note Antonia qui a expliqué à ses apprenants que le chemin seraitlong mais qu’un cap important avait été franchi : celui de ne pas s’enfermer dans leurs difficultés ou leurs limites.

Ce projet est novateur dans le milieu des institutions, mais d’autres projets d’alphabétisation familiale existent : collectif alpha de Molenbeek avec l’écoleprimaire n° 5, de l’asbl « A tout Cœur » de Schaerbeek et de « Lire et Ecrire » à Saint-Gilles avec les écoles de Saint-Alène etSaint-Denis.

© photo : Agence Alter/ Nathalie San Gil Coelo

1. La Cité joyeuse – le Foyer des Orphelins :
– adresse : rue de la Cité joyeuse, 3 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 482 06 63
– site : www.lacitejoyeuse.be

Nathalie San Gil Coello

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