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Regard critique · Justice sociale

D'ardents coopérateurs

« La Coopérative Ardente », située à Liège, entamera ses activités début avril. Son but : permettre à ses clients coopérateurs de se fournir en produits bio, équitables et/ou locaux et de se les faire livrer à la manière des « Collishop ».

01-03-2013 Alter Échos n° 355

« La Coopérative Ardente »1, située à Liège, entamera ses activités début avril. Son but : permettre à ses clients coopérateurs de se fournir en produits bio, équitables et/ou locaux et de se les faire livrer à la manière des « Collishop »

Vous êtes Liégeois et vous rêvez de colis « bio », équitables ou locaux contenant plus qu’un panais et une betterave rouge ? « La Coopérative Ardente » devrait vous convenir et vous permettre de contribuer au développement de l’économie sociale. Constituée sous forme de coopérative à finalité sociale (voir encadré), « La Coopérative Ardente » donnera en effet la possibilité à ses clients/coopérateurs de commander sur internet une série de denrées alimentaires et ménagères pour se les faire livrer (sur le territoire de la ville de Liège dans un premier temps), à la manière des Collishop existant déjà dans les grandes surfaces « traditionnelles ». Au menu : fruits, légumes, crèmerie, pâtisserie, boulangerie, charcuteries, boissons, conserve, cosmétiques, lessive, produits d’entretiens… et même alimentation pour animaux. La gamme sera large et « tous les produits seront soit au moins bio, soit locaux, soit équitables. Et quand nous aurons le choix, nous favoriserons les produits qui réuniront deux ou trois de ces critères », explique Caroline Marcour, qui s’occupe pour l’heure de lancer la coopérative à titre bénévole, tout en travaillant pour Exposant-d, une association active dans le développement durable.

Mais avant de pouvoir parcourir les rayons virtuels de ce supermarché du durable, il faudra que les clients deviennent coopérateurs, c’est-à-dire qu’ils fassent l’acquisition d’une ou plusieurs parts de la coopérative, une de celles-ci coûtant 100 euros. « Il est important pour la philosophie du projet que celui-ci appartienne à ses clients », explique notre interlocutrice qui fait remarquer qu’à l’heure actuelle 126 coopérateurs/clients sont enregistrés, l’objectif étant d’atteindre le chiffre de 150 pour le mois d’avril (275 après trois ans). Une « période d’essais » d’un mois est néanmoins proposée aux clients afin qu’ils puissent voir si le projet leur convient. « Nous ne visons pas un public « convaincu » du bio, même si c’est plus facile au démarrage », précise Caroline Marcour.

Micro-dico
Société coopérative :

« La société coopérative est celle qui se compose d’associés dont le nombre et les apports sont variables ». La coopérative est donc une société ouverte dont les variations de capital résultent notamment de la souscription de parts sociales par les coopérateurs (au nombre de trois minimum). En cas de bénéfices, un dividende sur les parts peut être versé. Dans le cas de la société coopérative à responsabilité limitée, les associés ne sont passibles de dettes que jusqu’à concurrence de leurs apports.

Société à finalité sociale :

La société à finalité sociale (SFS), régie par la loi du 13 avril 1995 entrée en vigueur au 1er juillet 1996, est quant à elle une société ayant décidé d’intégrer dans ses statuts différentes conditions, dont celle qui stipule qu’elle n’est pas vouée à l’enrichissement de ses associés.

Ne pas attendre d’être décroissant

A parler de philosophie du projet, Caroline Marcour enchaine. « J’ai envie de croire en un autre modèle économique. Il existe certes des groupes d’achats communs, mais il est difficile de contrecarrer les gros groupes économiques par ce biais », explique-t-elle en soulignant que « La Coopérative Ardente » semble mieux armée pour atteindre cet objectif. Même si certains acteurs du « durable » la voient d’un mauvais oeil. « On s’est fait traiter de consuméristes, on nous a reproché de ne pas être décroissants. Mais si on doit attendre d’être décroissant pour consommer du bio, on arrivera jamais à faire sauter le pas à Monsieur Tout-le-Monde », sourit notre interlocutrice.

Autre preuve d’une forme d’engagement de la structure : son lien fort avec l’économie sociale (déjà matérialisé par la constitution en société coopérative à finalité sociale). La Coopérative Ardente a ainsi été soutenue à ses débuts par SAW-b (Solidarité des alternatives wallonnes et bruxelloises, une fédération d’économie sociale qui opère aussi en tant qu’agence-conseil) afin d’obtenir une bourse d’étude de faisabilité auprès d’Impulcera, des moyens encore renforcés par l’obtention d’une subvention de mise en place du projet de la part du SPP Intégration Sociale. La Sowecsom (la Société wallonne d’économie sociale marchande) a aussi pris des parts dans la coopérative et lui a octroyé un crédit d’investissement remboursable sur cinq ans à un taux « plus avantageux », d’après Caroline Marcour.

Mais plus que tout cela, « La Coopérative Ardente » a développé une coopération avec l’entreprise de formation par le travail (EFT) « La Bourrache »2, active dans le maraîchage bio et l’entretien des parcs et jardins. C’est cette structure qui, dans un premier temps, fournira exclusivement la coopérative en légumes frais. Ce qui aura impact sur le travail de cette EFT qui occupe de 12 à 17 stagiaires. « Nous avons un terrain de trois hectares, mais nous ne cultivons pas sur toute cette étendue », détaille Françoise Vandalem, coordinatrice de la Bourrache qui explique que pour fournir la coopérative il s’agira pour l’entreprise de formation par le travail de « doubler les surfaces de culture et de tripler la surface de serre ». Un développement compatible avec les missions dévolues aux EFT ? Françoise Vandalem répond par l’affirmative en soulignant aussi que le projet de la coopérative « nous ressemble ». « C’est aussi une manière pour nos clients d’avoir accès aux produits plus variés qu’elle propose. Et nous faisons profiter cette dernière de notre expérience dans la confection de paniers de légumes. Tout le monde est gagnant. »

Bientôt une entreprise d’insertion ?

Dernier épisode de la série « économie sociale », « La Coopérative Ardente » a également introduit une demande d’agrément en tant qu’entreprise d’insertion (EI). « Il y aura un travail logistique à faire qui dépasse la confection des paniers, comme la réception des commandes fournisseur ou la préparation de ce qui est commandé, qui peut être fait par des stagiaires d’une EI », explique Caroline Marcour qui souligne que la coopérative vise un 3/5 temps public cible pour la première année, et trois en troisième année d’existence. Si toutefois tout se passe bien au niveau de l’agrément. Rappelons en effet que le secteur des entreprises d’insertion vient de voir un nouveau décret le concernant être voté par le parlement wallon (voir l’article « Les entreprises d’insertion ont un nouveau décret » dans ce même numéro). « Or nous avons introduit notre demande d’agrément sous l’ancien décret, sans avoir encore de réponse. Nous ne savons donc pas si nous serons agréés sous l’ancien décret… ou le nouveau », déplore Caroline Macour. Ce qui n’empêchera pas la coopérative de commencer ses activités. Les premières commandes seront prises le 26 mars…

« La Coopérative Ardente » organisera, le 17 avril prochain, une séance d’information à 20 h au centre liégeois du Beau-mur (rue du Beau Mur, 48 à 4030 Grivegnée). Informations auprès de la « La Coopérative Ardente » au 04 287 70 06.

1. La Coopérative Ardente :
– adresse : rue du Mont Saint-Martin 90 à 4000 Liège
– tél. : 04 287 70 06
– courriel : cmarcour@lacooperativeardente.be
– site : www.lacooperativeardente.be

2. La Bourrache :
– adresse : rue du Beau-Mur, 48 à 4030 Grivegnée
– tél. : 04 341 00 14
– courriel : info@labourrache.org
– site : www.labourrache.org

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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