Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Benoît XVI et le social

La renonciation de Benoît XVI est l’occasion d’un retour sur sa troisième encyclique, une encyclique sociale.

01-03-2013 Alter Échos n° 355

La renonciation de Benoît XVI est l’occasion d’un retour sur sa troisième encyclique, une encyclique sociale, publiée peu après la crise de 2008 et intitulée « Caritas in Veritate ».

L’encyclique « Caritas in Veritate » – ou « l’amour dans la vérité » – est sociale. Elle s’inscrit dans une perspective de développement durable et aborde les problématiques socio-économiques contemporaines : pauvreté, syndicalisme, environnement, finance, etc. De cette lettre pontificale, je ne me risquerai certainement pas à l’exégèse, mais bien à une petite sélection de morceaux bien sentis !

Syndicalisme

Sur le syndicalisme par exemple, Benoît XVI relève l’évolution à laquelle les organisations de représentation des travailleurs devront faire face. Elles devront dépasser leurs limites catégorielles et affronter « les questions que les spécialistes en sciences sociales repèrent dans les conflits entre individu-travailleur et individu-consommateur. »

Le pape revient par ailleurs sur la nécessité de défendre les travailleurs exploités ou non représentés et livre une fort belle – et idéaliste – définition du travail digne : « un travail choisi librement, qui associe efficacement les travailleurs, hommes et femmes, au développement de leur communauté ; un travail qui, de cette manière, permette aux travailleurs d’être respectés sans aucune discrimination ; un travail qui donne les moyens de pourvoir aux nécessités de la famille et de scolariser les enfants, sans que ceux-ci ne soient eux-mêmes obligés de travailler ; un travail qui permette aux travailleurs de s’organiser librement et de faire entendre leur voix ; un travail qui laisse un temps suffisant pour retrouver ses propres racines au niveau personnel, familial et spirituel ; un travail qui assure aux travailleurs parvenus à l’âge de la retraite des conditions de vie dignes. »

Finances

Sur les dérives de la finance, Benoît XVI salue les initiatives ponctuelles à dimension humaine, mais il souligne que c’est le système tout entier qui doit être revu et « orienté vers le soutien d’un développement véritable ». Là-dessus, on ne le contredira pas.

Le pape reconnaît en outre un intérêt certain à la microfinance et au microcrédit. Il souligne enfin le fait que l’éthique revient partout dans la sphère de la finance, mais il prévient : « On note un certain abus de l’adjectif “éthique” qui, employé de manière générique, se prête à désigner des contenus très divers, au point de faire passer sous son couvert des décisions et des choix contraires à la justice et au véritable bien de l’homme. » Et voilà les labels de tout poil qui en prennent pour leur grade !

Médias sociaux

En ce qui concerne les nouvelles technologies de communication – eh oui, le pape twitte ! – Benoît XVI souligne que celles-ci ne sont pas politiquement ou philosophiquement neutres ni affranchies de la morale. Intéressant point de vue, surtout quand Sa Sainteté avertit que les réseaux de communication risquent d’être subordonnés à une stricte logique économique. Benoît XVI songerait-il à créer un parti pirate au Vatican ?

Sur la question écologique, le pape revient aux fondamentaux qu’on connaît si bien dans l’Eglise. Mais le lien entre la protection de l’environnement et l’euthanasie ou la contraception, entre autres, vaut le détour : « Si le droit à la vie et à la mort naturelle n’est pas respecté, si la conception, la gestation et la naissance de l’homme sont rendues artificielles, si des embryons humains sont sacrifiés pour la recherche, la conscience commune finit par perdre le concept d’écologie humaine et, avec lui, celui d’écologie environnementale. »

Pauvreté, chômage, aide au développement, tourisme international, etc. L’encyclique aborde encore de nombreux autres sujets. L’on y découvre des points de convergence certains avec les thèses défendues aujourd’hui au sein du non-marchand dans les domaines sociaux et économiques. Bien sûr, le point de vue est moralisateur, mais au moins la position moraliste est assumée

Arnaud Gregoire

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